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Jésus, un enfant qui dérange

Prédication de Noël 2017

Baf_plateau Noël 2017

Prédication

Texte : Matthieu 1 : 18-24

Thème : Jésus, un enfant qui dérange

Rien n’est plus bouleversant qu’une situation inattendue qui intervient dans nos projets, nos plans et nos programmes ! Rien n’est aussi plus complexe et difficile que de croire et faire confiance en quelqu’un lorsque tout milite contre lui. C’est pourtant la situation dans laquelle nous plonge Noël, la naissance de Jésus. Israël est sous la domination romaine. Ce sont les officiers de l’empereur qui font la loi bien que donnant aux juifs les prérogatives de délibérer sur les questions religieuses. Les chefs religieux (sacrificateurs, scribes, docteurs de la loi) sont des mauvais bergers qui, au lieu de servir le peuple, se servent du peuple et s’engraissent de leurs graisses. Ils font porter au peuple des fardeaux qu’ils n’essayent même pas de remuer du doigt. Ils enseignent ce qu’ils ne pratiquent pas eux-mêmes. D’autre part, plusieurs tendances du judaïsme sont en floraison et s’opposent les unes aux autres. Ils ont des positions divergentes sur des questions politiques et doctrinales. Tandis que certains acceptent la collaboration avec l’occupant romain, d’autres sont formellement opposés à leur présence. Alors que les uns croient en la résurrection des morts d’autres récusent totalement cette doctrine. Dans cet imbroglio politico-religieux, la soif de la liberté, le besoin d’un guide et la quête de la souveraineté aiguisent l’attente messianique. Tout signal est scruté au loup. Quand émerge Jean-Baptiste, on lui attribue le titre messianique. Hélas ! Jean  refuse d’usurper ce titre et se présente comme la voix qui crie dans le désert pour préparer la venue du Messie. Quand le Messie lui-même arrive, il est méconnu, car il n’apparait pas sous les traits que ce sont fait les juifs. Quel bouleversement ?

Matthieu dans son Évangile adressé en premier aux communautés judéo-chrétiennes, présente la naissance de Jésus sous le signe de l’accomplissement des prophéties et celui du surgissement de l’inattendu dans l’histoire du peuple d’Israël représenté ici par Joseph et Marie. C’est à dessein que Matthieu ouvre son Évangile par la généalogie de Jésus pour le rattacher au peuple et à la promesse. Il est cependant curieux dans une tradition patriarcale de retrouver dans la généalogie de Jésus mentionnée quatre femmes en dehors de Marie. Ces femmes sont ont en commun le fait que leur intervention dans la généalogie de Jésus s’est fait de façon inhabituelle, illégitime et irrégulière. Tenez, Tamar se déguise en prostituée et tombe enceinte de son beau-père ; Rahab est la prostituée qui cacha les espions d’Israël à Jéricho ; Ruth, la Moabite veuve du fils de Naomi a conquis l’amour de Boaz jusqu’en devenir l’épouse ; Batcheba, la femme d’Urie que David arracha. L’évocation de ces quatre femmes de moralité douteuse et certaines d’origines païennes trouble et bouleverse le lecteur attentif, mais aussi le prépare à attendre une naissance qui sort de l’ordinaire. Ce trouble se poursuit chez Hérode lorsqu’il apprend des mages d’orients (encore des païens et voyants) la naissance du roi des juifs. On peut donc dire que Jésus est enfant qui dérange, qui trouble et déstabilise la famille et la société tout entière. C’est ce Jésus que nous célébrons aujourd’hui.

         Alors que Joseph et Marie avançaient normalement dans le projet de leur Mariage, et certainement la date du mariage était imminente puisque le texte dit qu’ils étaient fiancés, l’enfant Jésus survient comme un virus qui trouble tout le système mis en place. Marie est enceinte, elle-même ne comprenant pas comment cela peut-il être possible puisqu’elle ne connaît pas d’homme. Si elle est appelée à faire l’expérience unique au monde de devenir enceinte sans coucher avec un homme, elle n’ignore pas les risques qu’elle encoure. Rupture de leur projet de mariage, vindicte populaire en respect aux prescriptions de la législation mosaïque. L’une ou l’autre option est presque équivalente et la plonge dans un labyrinthe de solutions. Dans ce labyrinthe deux solutions majeures sont devant elle : vivre pour elle et poursuivre son projet ou mourir et faire mourir ses projets et ambitions pour vivre pour le projet de Dieu. La première alternative est sûre et certaine, car son projet avec Joseph est en marche, elle sait qu’ils s’aiment, elle voit Joseph et peut le toucher. La seconde alternative est un risque et la probabilité de perdre est grande : il n’y a pas de cas dans l’histoire de son peuple voire de l’humanité, on peut la tuer et le moindre risque est de perdre son bien aimé Joseph et d’avoir sur son dos les parents et la raillerie de la société. Finalement, bien que ne comprenant rien, elle prend le risque de croire en Dieu, d’enterrer ses propres ambitions et projets et vivre pour Dieu et selon sa parole, pour porter dans son sein le sauver du monde.

         Joseph de son côté, tout confiant dans leurs engagements avec Marie, et s’évertuait dans les préparatifs y afférents. Il met les petits pas dans les grands et probablement commencent à adresser à ses proches les invitations. Soudain, surgit comme un coup de massue sur sa tête la nouvelle que sa fiancée, sa bien-aimée et dulcinée est enceinte. Il sait qu’il ne l’a pas touchait, il sait aussi que Marie est une fille sérieuse et ne doutait pas de sa fidélité. Pourtant, cette nouvelle le trouble et il songe à une rupture secrète pour préserver la vie de Marie qu’il aime malgré cette situation bouleversante. Tout est dans l’eau ! quel enfant gênant qui arrive au mauvais moment ? Joseph n’arrive pas à dormir et dans sa veille cogitative, l’ange vient éclairer ses doutes. C’est bien de vouloir préserver la vie de Marie en la répudiant secrètement, c’est encore mieux de la prendre comme épouse sans renoncer à votre projet, car l’enfant qu’elle porte est le fait du Saint6esprit. C’est à toi de lui donner un nom, lui dit l’ange, comme pour le rassurer qu’il assumer la paternité de cet enfant en l’adoptant. Joseph doit laisser tomber tout ce qu’il a planifié : la grande fête, le projet de rompre avec Marie, le projet de connaître sa charmante Marie. Il doit renoncer à tout pour laisser le sauveur du monde trôner dans sa vie et ses projets.

         Bien aimés en Jésus, après analysé, le trouble, et les bouleversements que la venue de Jésus a causé dans la vie de Marie et Joseph, nous pouvons conclure que célébrer Noël, c’est accepter d’être troublé par l’inattendu du surgissement de Dieu dans notre histoire, c’est accepter de bouleverser nos programmes et nos projets pour nous soumettre au projet de Dieu ; c’est croire et prendre le risque de faire confiance à l’incompréhensible, à l’inaccessible. Pourque Jésus règne dans nos vies et notre histoire, il faut, accepte, qu’il apporte un bouleversement dans nos vies afin de l’ordonner dans le projet et plan de Dieu. Accueillir Jésus, c’est écrire et inscrire nos noms dans l’histoire de Dieu avec nos particularités et nos originalités. Jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu une telle conception, et pourtant Marie et Joseph l’ont expérimenté. Si tu acceptes aujourd’hui que Jésus intervienne dans ta vie, il faut croire qu’il peut faire dans ta vie ce qu’il n’a fait nulle part ailleurs. Tu n’as pas besoin qu’il ait autour de toi des femmes qui ont enfanté à la ménopause pour croire que Jésus peut te rendre féconde quand bien même tu paraîtrais vieille. Tu n’as pas besoin d’avoir le témoignage des personnes vivantes avec des maladies incurables (SIDA, cancer, etc.) pour croire en ta guérison. Cependant, pour que cet extraordinaire et ce miracle interviennent dans ta vie, il faut être prêt à laisser tomber ton raisonnement humain et scientifique, il faut accepter que Jésus bouleverse ton programme, il faut accepter qu’il te trouble et te fasse paniquer non pour t’amener à l’incrédulité comme Hérode, mais à la foi comme Joseph et Marie. Il faut aussi être prêt à attendre quand même tout est prêt pour s’inscrire dans le temps de Dieu. Par leur oui à l’intrusion de Jésus dans leur projet, Marie et Joseph sont entrés dans la généalogie de Jésus et ils sont aujourd’hui honorés, voire vénérés par les chrétiens dans l’univers entier. L’attitude de Joseph et de Marie nous interpelle aujourd’hui dans notre Église et notre nation. Que faisons-nous quand dans notre Église les troubles postélectoraux ont bouleversé tous nos projets et nos planifications ? Avons-nous fait confiance à Dieu en lui remettant nos sorts et en nous remettant à sa volonté ? Ou bien nous sommes agités en nous tournons sur nous-mêmes pour chercher en nous la solution afin d’atteindre nos objectifs ? Avec Joseph, Emmanuel nous invite à laisser tomber nos ambitions, nos réflexions et nos agitations pour nous remettre au conseil de Dieu que nous ne pouvons saisir que dans le calme, le silence et la confiance en Dieu. Que font notre gouvernement et les leaders d’opinion de notre pays, quand Boko Haram, les anti-balaka, les Séléka et les sécessionnistes anglophones ont surgi pour troubler notre marche paisible vers l’émergence à l’horizon 2035 ? Avons-nous fait appel au conseil de Dieu ou bien nous sommes-nous contentés à montrer de quoi nous sommes capables. Avec Joseph, Emmanuel nous invite à rechercher le bien en écoute la voix douce et silencieuse du Saint-Esprit dans la prière, l’amour partagé et l’écoute de la parole de Dieu. L’atout de Joseph était le fait qu’il ne nourrissait pas de mauvaises intentions contre Marie et était animé par la recherche du bien et de la justice. Qu’est-ce qui motive nos actions et nos réactions face à ce qui nous dérange et nous trouble ? N’est-ce pas la revanche, la haine, l’orgueil, le désir de montrer que nous sommes-chefs, puissants et forts ? Dieu est avec celles et ceux qui recherchent le bien et la justice et il leur communique ses voies. Rechercher le bien et la justice, c’est agir par amour, rechercher l’équité, combattre l’injustice, promouvoir la paix, dénoncer le mal, s’opposer à tout ce qui déshumanise et avilit l’homme et vivre pour la gloire de Dieu. C’est donc la quête du bien et de la justice comme Joseph qui nous fait entrer dans l’histoire du Salut et nous donne d’accueillir Emmanuel.

Bien-aimés en Jésus, célébrer la naissance de Jésus, c’est accepter d’être troublé et bouleversé par Dieu pour entrer dans son projet. Parce que Dieu est avec nous, remettons-lui tous nos projets et nos soucis et il fera pour nous ce que nous n’avons vu ni entendu nulle part ailleurs ! Joyeux Noël !

Amen !

Par Pasteur proposant GUIDEME Gabriel/ 677319674

 

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