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La prière qui déplace les montagnes

Prédication du 16 octobre 2016

Baf_plateau Dimanche 16 octobre 2016

Prédication

Texte : Luc 18 : 1-8

 

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« Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Cette question forte interpellatrice nous concerne bien aujourd’hui et s’inscrit à bon escient à notre contexte. Il est curieux de remarquer que cette question conclut une exhortation à la prière persévérante. Mais, quel rapport y a-t-il entre la foi que Jésus trouvera à son retour et la persévérance dans la prière ? La réponse à cette dernière question se trouve dans le contexte immédiat de notre texte. En amont, Jésus répond à l’interrogation des pharisiens sur l’avènement du Royaume de Dieu (17, 20ss). Pour Jésus, le Royaume de Dieu est déjà en marche et son accomplissement ne se fera pas par des tapages, mais à l’improviste. La période d’attente sera difficile et les élus seront soumis à des rudes épreuves, dont les persécutions, les attraits des plaisirs et désirs mondains, l’abandon de la foi entre autres. A cet effet, Jésus exhorte ses disciples à la vigilance, à la prière et surtout à demeurer attachés à Dieu par la foi. C’est dans ce registre que s’inscrit notre texte dont le but est clairement indiqué à son introduction. Jésus raconte cette parabole pour « montrer qu’il faut toujours prier, et ne point se relâcher. »  Examinons attentivement l’enseignement que nous propose Jésus dans cette parabole.

 

 

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         D’abord, les deux personnages présentent deux faces opposées du monde et de nos sociétés. D’un côté, le juge dit inique qui ne craint pas Dieu et n’a d’égard pour personne. Il représente des agnostiques, athées, et tous ceux qui méprisent les principes et règles religieuses. Il représente aussi ces hommes et femmes qui ne manifestent aucune attention ou compassion pour l’humanité. L’homme et Dieu pour eux n’ont aucune importance s’ils ne servent pas leurs intérêts. Du coup, les vertus telles que justice, paix, amour, compassion, solidarité n’ont aucun sens pour eux si elles ne peuvent servir leur égoïsme. Ils peuvent voir les gens mourir de faim, être injustement traités, être tués, privés de leur droit le plus élémentaire sans leur dire quelque chose, l’essentiel que leur vie coule. Ce juge représente les Tout-Puissants, les suffisants. De l’autre côté, nous avons une femme, veuve qui a subi une injustice et désireuse que justice lui soit rendue, c’est-à-dire qu’elle rentre dans ses droits. Elle représente toutes les personnes qui n’ont aucun soutien social, aucun poids économique et politique ; ces personnes sont spoliées, opprimées et appauvries par des systèmes mis sur pieds par les puissants et les puissances dirigeants. Or, cette veuve pauvre et appauvrit tient à cœur sont droit et croit en l’existence de la justice bien qu’elle est obligée de composer avec les personnes injustes. Elle n’a ni godasse ni pot de vin pour convaincre le juge inique afin qu’il prenne sa défense et lui rende justice. L’entreprise qu’elle engage est une cause perdue d’avance. Mais elle ne se décourage pas ! Elle s’engage, elle persévère bien que le juge ne prête aucune attention à sa requête. Pendant, longtemps nous dit le texte, la veuve, importune le juge. Cette situation ne nous interpelle-t-il

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pas aujourd’hui dans notre quotidien ? Ne faisons-nous pas face dans notre vie à des situations et des problèmes difficiles dont pourrait dire à l’avance : « ça ne vaut pas la peine de chercher à le résoudre ». Vous souffrez peut-être d’une maladie que la médecine appelle « incurable » et vous vous dite ça ne vaut pas la peine de prier ; peut-être avez-vous tenté de prier une fois, deux fois et vous vous êtes découragés. Vous avez postulé à quelques concours, vous avez échoué et du coup vous dites ça ne vaut pas la peine dans ce pays. Votre mari ou votre femme vous fait vivre l’enfer, vous avez rencontré la famille, l’église, vous avez prié et rien n’a changé et vous vous êtes découragés. Vous avez un enfant têtu, voleur, impoli, vous avez utilisé tout ce qui est à votre pouvoir et rien n’a changé et vous vous êtes découragé. Vous êtes une fille ou un garçon vous avez épuisé plusieurs déceptions amoureuses et vous êtes découragé, vous ne priez plus et peut vous vous débrouillez vous-mêmes. La veuve nous montre que si un problème nous tient à cœur, on ne compte pas le temps, on ne mesure pas

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l’heure qui passe, on voit le bout du tunnel, on regarde à la solution et en persévérant on verra la solution. Oui, la veuve ne ‘est pas découragée, elle ne s’est pas relâchée, elle ne s’est pas affaiblie dans sa quête de la justice. Du coup, la situation est inversée. La veuve qui n’avait pas la paix, la tranquillité et manquait presque tout sauf le courage obtient justice donc la paix, la tranquillité. Or, le juge qui se suffisait et n’avait de compte à ne rendre à personne perd sa tranquillité, sa paix et est écrasé par les perturbations de la veuve. Il est obligé contre sa volonté de rendre justice à la femme, de prendre sa défense. La foi de cette femme en la justice divine, bien qu’elle ne la perçoit pas dans son entourage, lui a donné de persévérer et tenir jusqu’au bout et elle l’a obtenue. Que fais-tu quand tu pries ? Regardes-tu au problème ou à la solution que Dieu a déjà destinée d’avance pour toi ? Dieu exaucera ta prière si tu tiens vraiment à ce que tu demandes et si ce que tu demandes corresponds à la volonté de Dieu. Pour la veuve, c’est la justice. Or, Dieu est le Dieu de

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justice et il veut que cette justice règne dans le monde.

 

         Si Dieu est juste, pourquoi Jésus le compare-t-il dans ce texte au juge inique, cette homme qui n’aucun souci pour la justice. Il faut remarquer que cette parabole ne nous propose pas une comparaison par équivalence comme dans d’autres cas, mais une comparaison par contraste. Et du coup, Jésus veut nous dire en d’autres termes : “Si un magistrat méchant et injuste a accepté de rendre justice à une veuve sans défense, à combien plus forte raison un Dieu juste et miséricordieux défendra-t-il le droit de ses élus qui crient à lui !” Et la conclusion qui ressort nous permet de croire que Dieu écoute et répond aux prières de ses enfants.

 

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Cette parabole vient éliminer en nous cette mauvaise conception de Dieu par beaucoup de chrétiens. Plusieurs pensent que c’est en perturbant Dieu, en l’importunant que nous pouvons obtenir de lui ce que nous lui demandons. Par ces idées, nous faisons de Dieu un méchant, un tyran, un dur qui ne peut agir que si nous souffrons. Non cela ne correspond pas au Dieu d’amour, miséricordieux et riche en bonté que nous servons. Éliminons l’hypothèse que Dieu a besoin de cette persévérance pour se laisser fléchir, car cela contredirait d’autres passages des évangiles, par exemple, Matthieu 6, 8 : N'allez pas faire comme les païens qui s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter ; car votre Père sait bien ce qu'il vous faut, avant que vous le lui demandiez. Alors pourquoi Jésus nous demande-t-il de toujours prier et ne pas se lasser ? Si Dieu sait ce dont nous avons besoin avant même que nous ouvrions la bouche, le problème ne serait-il pas chez l’être humain ? Si nous nous lassons et nous abandonnons la partie, ne serait-ce pas parce que nous ne voyons rien ? Ne serait-ce pas parce que nous n’avons pas les yeux de la foi pour voir l’action de Dieu ? Et avoir les yeux de la foi demande une profonde transformation intérieure qui dure toute la vie.

 

 

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S’il ne nous est pas permis de comparer Dieu à ce juge inique, il faut tout aussi noter que parfois Dieu peut lui ressembler. Comment est-ce possible ? me direz-vous. Avez-vous déjà eu le sentiment après avoir prié, et prié instamment, que Dieu ne vous écoute pas ou qu’il refuse de vous répondre ? Vous avez longtemps imploré son intervention pour une situation dans votre vie, mais rien ne s’est produit. Ça peut être une maladie, le mariage, un emploi, un contentieux en justice, l’affection de votre famille, l’injustice des patrons, votre salaire bouffé, votre champ arraché. Il est possible que vous vous soyez senti comme cette pauvre veuve dont la cause a été systématiquement rejetée par le juge. “Ne me traite pas comme cela. Je suis faible et démunie. Je n’ai personne pour me protéger. Pourquoi es-tu si insensible à mon cas ? Pourquoi refuses-tu de m’entendre ?” Dieu semblait si cruellement indifférent à votre appel au secours. C’est comme si Dieu était ce juge inique…

 

 

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Job a bien connu cette expérience. Il disait, “Qu’ai-je fait de mal ? Mes enfants sont morts. Tous mes biens ont disparu. Même ma femme se rebelle contre toi. J’ai crié vers toi jour et nuit, et tu demeurais silencieux”. À cinq occasions, Job s’est plaint que Dieu ne l’écoutait pas (Job 13.3, 24 ; 19.7 ; 23.3-5 ; 30.20). Il dit en Job 30.20-21, je crie vers toi et tu ne me réponds pas ; je me présente sans que tu me remarques. Tu deviens cruel contre moi. Lors d’un moment comme celui-là, on peut penser que Dieu est perçu par Job comme un juge injuste. Et pourtant, lorsque que Job, sans relâche s’est mis à considérer Dieu avec les yeux de la foi il a pu dire : “Je reconnais que tu peux tout, et que rien ne s’oppose à tes pensées. Oui, j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas…mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu”. C’est après cette confession et cette déclaration que Job a été totalement restauré.

 

 

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La prière persévérante est donc la manifestation de notre attachement à Dieu et de la confiance totale en sa justice et sa puissance capable d’accomplir ce qu’on n’espère pas. Cette foi considère le but et non les moyens, la solution et non le problème, la bonté de Dieu et non la méchanceté des hommes, l’heure d’exaucement et non le temps d’attente, la joie à venir et non les souffrances actuelles. C’est cette foi qui nous permettra de tenir jusqu’au jour de l’avènement du roi des rois ; c’est elle qui nous permettra  de prier sans se décourager ; c’est elle qui nous permettra de voir et saisir les réponses à toutes nos prières. Comme la veuve, tient bon, car Dieu te donnera ce que tu lui demandes.

 

Amen !

Par GUIDEME Gabriel, Pasteur proposant

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