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Ne vous inquiétez pas, mettez votre confiance en Dieu!

Baf-Plateau 5 mars 2017

Prédication

Texte : Matthieu 6, 24-34

Thème : Ne vous inquiétez pas, mettez votre confiance à Dieu !

« Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon ». Cette parole de Jésus introduit son discours sur l’essence ou les fondements  de la vraie piété et conclut celui qui porte sur ses manifestations en amont. Dans ce discours-programme de Jésus, dévoile les grandes lignes de son enseignement et les principes du Royaume des cieux. Il invite ses auditeurs attachés et investis à manifester leur piété aux yeux des hommes pour leur propre gloire, et nous invite aussi, à nous garder de pratiquer notre justice devant les hommes. En le faisant, nous perdons notre récompense. Trois principales manifestations de la piété sont passées en revue par Jésus à savoir : l’aumône, la prière et le jeûne. Jésus ne condamne pas ces manifestations de piété, il les réitère en réorientant leurs objectifs. Pour les juifs en général et les pharisiens en particulier, les actes de piété ne visent pas à rendre gloire à Dieu, mais à se faire voir par les hommes et à trouver leur faveur. Du coup, en donnant l’aumône à un pauvre, en priant et en jeûnant, ils font tout pour se faire remarquer, pour attirer l’attention des autres et avoir les honneurs et les éloges des hommes. Manifester sa piété pour ces objectifs nous fait perdre toute approbation divine. Ces avertissements méritent d’être relevés et notés en cette période de carême marqué par le jeûne, la prière et les actes de bienfaisance. Si nous nous engageons dans ce programme juste pour les yeux et les honneurs des hommes, nous sommes malheureux, car Dieu ne peut prendre plaisir à tous ces efforts. Il apparait dans cette partie de l’Évangile qui précède le texte qui sous-tend notre message que le cœur de l’homme est partagé entre son honneur et la gloire de Dieu. Dans ce cas, en servant Dieu ou du moins en priant ou jeûnant l’homme sert son honneur au lieu de rechercher la gloire de Dieu. Plusieurs ne sont-ils pas concernés par ces avertissements de Jésus dans notre communauté ? Combien sont-ils engagés, réguliers à toutes les activités, présents partout et pour tout non pour la gloire de Dieu, mais pour celles des hommes ? Il est facile de le reconnaître, car dès que l’honneur et la gloire recherchée sont mis en cause ou menacés  tout le zèle que nous avons s’éteint. La remarque de Jésus est claire et juste : nul ne peut servir deux maîtres à la fois. Si nous servons Dieu et non les hommes et notre honneur leurs appréciations ou leur mépris ne devrait rien changer à notre engagement.

Dans le texte que nous venons de faire la lecture et qui sous-tend notre message, Jésus s’appesantit sur l’essence  de notre piété. Il s’agit de déterminer le fondement de notre piété, de notre engagement et dévouement au service de Dieu. Quelques précisions et éclairages méritent d’être faits. Ce texte n’est pas une invite à la paresse et à l’oisiveté, ce n’est pas non plus une condamnation des projets et planifications. Loin de là ! Dans le livre des proverbes, le Seigneur nous invite à travailler comme les fourmis et prévoir les temps difficiles. Si donc, Dieu n’encourage pas l’oisiveté et l’absence de planification, pourquoi nous invite-t — à regarder les oiseaux du ciel qui ne travaillent ni ne moissonnent et aux lis des champs qui ne tissent ni ne filent ? Pourquoi nous invite-t-il à ne pas nous soucier du lendemain ?

En lisant attentivement les versets 25 à 33 de notre texte, nous remarquons que Jésus fait ici un raisonnement à fortiori. Pour le dire simplement, Jésus nous montre que celui qui peut le plus peut le moins ; il nous montre que si des créatures moins valeureuses sont bien traitées à combien plus forte raison la plus valeureuse ? Il ne s’agit pas donc d’un appel à la paresse ou à la non-planification. Loin de là ! Certains textes bibliques nous invitent à travailler voire durement et à prévoir l’avenir (bâtir sur du roc pour prévoir les intempéries, la parabole de l’intendant infidèle, l’exemple de la fourmi entre autres). Jésus nous invite dans ce texte à mettre notre confiance en Dieu, le pourvoyeur de toutes choses. S’il nous donne la vie et la préserve, ce n’est pas la nourriture, les habits dont nous avons besoin pour vivre qu’il ne peut pas nous donner. S’il peut nourrir des oiseaux et vêtir les fleurs des champs, ce n’est pas nous les humains qu’il a faits à son image et à sa ressemblance qu’il ne va pas vêtir ou nourrir ? Nos inquiétudes manifestent notre manque de confiance en Dieu. Dieu nous invite donc, à travailler et à faire toute chose en comptant sur lui et son secours inaliénable. Cette portion de l’Écriture a été mal interprétée par les colons et même par certains théologiens qui s’opposent radicalement à la prospérité matérielle. Ils ont diabolisé la richesse et condamné le travail avec ardeur comme signe de manque de confiance en Dieu. Aujourd’hui il y a au moins deux revers de la réponse à cette herméneutique. D’une part, la théologie de la prospérité matérielle a mis l’accent sur la prospérité comme signe des bénédictions divines. Du coup, les pauvres sont considérés comme des maudits et enchaînés dans les liens maléfiques. Pour exprimer les bénédictions de Dieu dans leur vie, ils recherchent par tous les moyens la richesse et le luxe. Pour eux, l’enfant de Dieu ne recherche pas seulement de quoi manger, mais les nourritures rares et couteuses. Il ne s’habille pas seulement, mais porte les vêtements chics. Du coup, ils sont inquiets pas du manque, mais du luxe, du chic, du fashion. Notez que le mot araméen rendu par Mamon désigne à la fois la richesse et le luxe. Plusieurs chrétiens sont au service, le grec parle d’esclave de Mamon,  juste pour démontrer que Dieu les a bénis. Le second revers de la réponse à cette herméneutique c’est de vivre comme les oiseaux et les fleurs des champs, c'est-à-dire prendre ce qu’on voit sans chercher plus loin, sans planifier. Pour Luther, « Avoir de l'argent et du bien n'est pas un péché, mais ne le laisse pas devenir ton maître ; qu'il te serve, et que tu sois son maître ».

L’Église et certains chrétiens sont englués dans cette façon de vivre et d’agir en condamnant l’argent et la richesse tout azimuts. Nous vivons dans la pauvreté et la misère tout en nous appauvrissant et appauvrissant les fidèles parce que nous ne voulons pas entreprendre et viser loin. Bien des projets de nos paroisses sont à court terme, ce qu’on « mange là là ». Et du coup, nos œuvres, nos paroisses sont obsolètes, dépassé et incapable de répondre aux défis actuels. Avoir confiance en Dieu, c’est aussi savoir entreprendre et prendre des risques de viser gros, l’excellent car Dieu est avec nous. Nous sommes invités à réfléchir, à penser et promouvoir des projets d’envergure pour la gloire de Dieu. Il s’agit de le faire dans l’éducation, l’agriculture, le commerce, l’économie numérique, la médecine et la santé, la formation théologique et biblique. Ne pas s’inquiéter du lendemain ne signifie pas ne pas prévoir ni planifier, mais faire des projets et entreprendre en comptant sur Dieu. Parce que le lendemain appartient à Dieu et parce que nos projets sont soutenus par lui, nous sommes certains d’arriver jusqu’au bout à sa gloire. S’il est vrai que Dieu pourvoit à tous nos besoins, sachons que chaque jour a sa peine, ses difficultés, ses problèmes. Ainsi, à chaque jour suffit sa peine est une invitation à porter aux seigneurs nos difficultés, nos peines et nos problèmes d’aujourd’hui. N’ajoutons pas aux peines d’aujourd’hui ceux de demain que nous n’avons pas la certitude de vivre. Notre société actuelle milite à augmenter nos inquiétudes d’aujourd’hui par les problèmes de demain en nous faisant ignorer le présent. La météo, l’horoscope, les prévisions économiques augmentent nos inquiétudes du lendemain tandis que notre aujourd’hui est endormi par la publicité, les séries télévisées, la loterie, la pornographie, les soirées de gala et boîte de nuit et bien d’autres distractions qui nous appauvrissent intellectuellement, moralement, financièrement, économiquement, spirituellement.

La vraie piété, bien aimés, c’est prier, jeûner et faire l’aumône non pour être vu et apprécié des hommes, mais pour glorifier Dieu. On ne peut le faire que si nous ne servons que Dieu seul et non l’argent, la richesse, notre gloire et notre orgueil. Pour le faire, nous devrons mettre totalement notre confiance en Dieu. Ne soyons pas comme les païens qui ont pour Dieu la richesse, l’argent et les diverses idoles de notre temps. Plus besoin de nous inquiéter surtout que l’inquiétude est inutile, elle ne peut pas ajouter une seule seconde à notre vie, elle la diminue plutôt parce que l’inquiétude engendre l’angoisse et l’angoisse nous tue à petit feu. Ne vous inquiétez mes frères et sœurs, car le Seigneur nous rassure ce jour dans Esaïe 49, 14-15 que s’il peut arriver à une femme d’oublier son enfant, moi l’Éternel ton Dieu, je ne t’oublierai point. Voici, je t’ai gravé sur mes mains ; tu es toujours devant mes yeux. Amen !

Par GUIDEME Gabriel, Pasteur proposant

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