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Non au scandale, il faut pardonner

Lafé Baleng le 6 Octobre 2019

Prédication

Texte : Luc 17 :1-10

Un texte scandaleux qui condamne le scandale. Voilà ce qu’on peut dire en peu de mots sur le texte d’où est tiré notre message.

Quel enchevêtrement de thèmes et de sujets qui paraissent à première vue loin d’être cohérents et concordant !

Du scandale on passe au pardon des offenses du pardon on aborde la puissance de la foi manifestée dans sa petitesse ou sa faiblesse avant de chuter sur un service utile rendu par un serviteur inutile. Quel paradoxe ! Non seulement qu’il est difficile de trouver une file d’Ariane qui unit ces différents sujets, mais ce texte scandalise par sa chute. Un service utile rendu par un serviteur inutile. On peut dire par exemple, un bon repas fait par une mauvaise femme. Je ne dirai pas par exemple « De bonnes décisions prises par un mauvais président. »

Il faut remarquer que depuis quelques semaines notre calendrier nous propose des textes sur la valeur de la grâce de Dieu preuve de son amour infini et indéfectible. C’est ce qu’on retient de la parabole de l’enfant prodigue comme celui de l’économe infidèle. Le récit de l’homme riche et Lazare sonne comme une rupture en mettant en l’œuvre accomplie sur la terre comme critère de jugement nous permettant soit d’être sauvé ou d’être jeté dans la géhenne. L’Église a-t-elle voulue nettoyer notre prétention à exalter nos mérites nourris par ce dernier texte pour nous proposer celui-ci qui met plutôt l’accent sur la foi ? On n’est pas loin de cet objectif.

Dans ce texte qui s’ouvre par un avertissement à ne pas être un sujet ou une occasion de scandale bien que la nature de ce scandale n’est pas révélée explicitement, il est plausible que l’un des scandales que Jésus cible ici c’est justement notre autoglorification, notre narcissisme, notre orgueil spirituel. Et ça, on n’a pas besoin de nous le dire. Nous en  sommes des champions dans nos églises. C’est grâce à moi que ceci est fait, c’est nous qui tenons ce groupe. Je jeûne chaque mardi. Je ne suis pas comme les autres que tu vois ici. Etc.

Nous qui nous exaltons d’avoir fait ceci ou cela, d’avoir construit des temples, d’avoir soutenu des pasteurs, évangélistes ou d’avoir délivré des possédés, nous ne sommes pas souvent capable de pardonner à un frère ou une sœur qui nous a offensé. Nous préférons la loi du talion et nos prières contre nos ennemis parfois fabriqués par nous-mêmes ne visent que leur anéantissement et jamais ou peu leur conversion. C’est devant le partage de l’argent, le pouvoir et quand on a piétiné ton honneur qu’on peut voir ta spiritualité et no quand on chante, on prie tu te mets à genou, tu pleures. Ça c’est la chair. L’Esprit est mis en valeur quand notre instinct animal est mis à l’épreuve. Quel scandale ! Regardez les luttes et les évitements dans nos communautés ! Quelle image !

L’œuvre qui démontre notre foi en Jésus c’est-à-dire notre attachement à lui, c’est le pardon des offenses. Il faut pardonner même si c’est sept fois la même personne au cours d’une même journée. C’est difficile. C’est plus que donner de l’argent à l’Église, rendre visite à un malade, soutenir des pasteurs (généralement ceux qui sont nos amis), délivrer des possédés.

Voilà pourquoi les disciples conscients de leur incapacité à pardonner jusqu’à ce niveau demande à Jésus d’augmenter leur foi. Oh les humains ! On veut tout mesurer, tout quantifier, tout compter, tout calculer. C’est le matérialisme. Et c’est ça qui nourrit l’esprit de mérite et d’autoglorification. On est quelqu’un quand on a beaucoup d’amis ou une grande famille. On a de la valeur quand on beaucoup de voiture, beaucoup d’argent en banque, beaucoup de maisons même si pour avoir ces beaucoup de choses on vole, on tue, on arnaque. On a de l’importance quand beaucoup de pasteurs assistent à nos évènements. Jésus dit non ! Non ! Les choses spirituelles ne se mesurent pas en termes de quantité, mais en qualité. La puissance de la foi n’est pas dans sa grandeur, mais dans sa petitesse. Avez-vous la foi ? Si votre réponse est oui, sachez qu’elle toujours grande.

C’est ainsi qu’en agissant par la foi on ne peut et ne doit pas se vanter de nos exploits. Nos services sont utiles, mais nous-mêmes nous sommes inutiles. Inutile, non dans le sens de vaut rien comme on l’entend en français, mais dans le sens de nous sommes remplaçables, nous ne sommes pas indispensables.

Ça nous parle nous qui croyons que l’Église va tomber si nous ne sommes pas ancien, ou président. Ça nous parle nous qui nous accrochons à certains postes à tout prix et à tous les prix. Nous sommes interpelés nous qui croyons sans nous notre famille ne vaut rien. On a vu dans certaines familles quand le pilier, la personne sur qui tout le monde compte meurt, la vie continue et de nouvelles énergies émergent. On croyait qu’à la mort du pilier que tout allait être enterré dans la famille.

Jésus veut nous dire aujourd’hui que nous devrons apprendre à rendre service sans faire le chantage aux gens parce que tout le monde compte sur nous. Nous devrons rendre service et nous effacer, car quelqu’un d’autre peut le faire et parfois mieux que nous même si nous ne voyons. Fais donc et fais surtout bien ce que tu as à faire sans rien attendre en retour des hommes comme un esclave. C’est le sens du mot serviteur dans ce texte. L’esclave n’attend de son maitre ni reconnaissance, ni promotion encore moins un salaire. Tout ce qu’il sait, ce qu’il doit rendre service. Nous sommes appelés à rendre service dans cet esprit. Que ce soit dans nos familles, dans nos villages, dans nos lieux de services, dans la nation ou l’Église. Travaillons pour rendre un service désintéressé. Si nous le faisons, il n’y aura pas des amba boys, ni des manifestations, ni des crises dans l’église encore moins dans nos familles. Le service bien fait et de manière désintéressé est le plus grand honneur que nous rendons à Dieu. As-tu compris cela ?

Amen !

Par Gabriel GUIDEME, Pasteur proposant

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