Bâtir un autel Personnel

Bâtir un autel personnel

ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN

PAROISSE DE BAFOUSSAM-PLATEAU

 

 

PROGRAMME DE PRIÈRE ET DE JEÛNE DE 30 JOURS

16e JOUR

THÈME : BÂTIS UN AUTEL PERSONNEL POUR LE SEIGNEUR

Texte d’appui : Exode 20.22-26

Introduction

         Bien-aimés en Jésus, le plaisir est grand pour moi d’être le modérateur de cette soirée de prière et d’échange. Ce jour est particulier car le Seigneur nous a permis d’organiser avec succès le Culte d’installation de notre Pasteur et Président de la région synodale de la Mifi. Aujourd’hui encore mon bambaras est grand de pouvoir aborder ce thème d’une complexité légendaire. La complexité de ce thème relève tout d’abord des thèmes abordés les jours précédents qui touchent les problèmes d’ordre général. La prière pour la mission et les missionnaires, la restauration de la lumière sur la chaire et la délivrance des autels maléfiques sont des engagements collectifs et communautaires. Il est vrai que dans ces actions collectives et communautaires, chaque individu est invité à agir à travers la prière et à s’engager comme missionnaire d’abord au sein de sa famille avant de se joindre aux autres pour atteindre les extrémités de la terre. De même, la restauration de la lumière sur la chaire n’est pas seulement une affaire d’un pasteur ou des pasteurs, mais un devoir de toute la communauté chrétienne qui doit prier pour que cette lumière demeure. Quant aux autels maléfiques qu’on peut avoir dans nos familles, villages t même dans des Églises, pour nous en délivrer l’action communautaire est d’autant plus requise. Ce soir, nous sommes tous invités à bâtir chacun un autel personnel. Ce thème qui suit juste celui de la délivrance des autels maléfiques nous amène à identifier le type d’autel que nous devrons bâtir chacun ? S’agit-il d’un autel destiné à Dieu le Créateur et Père de notre Seigneur et sauveur Jésus ou d’un autel que nous allons destiner à d’autres dieux? Il faut ensuite résoudre le problème de la nature de l’autel. S’agit-il d’un autel physique et matériel ou d’un autel spirituel ? Après avoir déblayé cette voie nous pouvons examiner ce que nous dit la Bible des autels, les différents types et leurs fonctions et enfin examiner la nécessité de bâtir un autel personnel après le sacrifice parfait de Jésus-Christ.

  1. I.             Définition et position du problème

Le mot latin altare, qui signifie « autel », vient de la racine altus, qui veut dire « élevé ». Originellement, l’autel est le haut-lieu servant de point de jonction entre Dieu et le monde. Les montagnes et les collines sont, pour cette raison, les lieux privilégiés où l’on construit des édifices sacrés ; Dieu y descend et l’homme y monte : « Touche les montagnes et qu’elles fument » (Ps 143, 5).

Quelquefois aussi, une pierre tombée du ciel — un météorite ou un aérolithe — est au principe d’un culte local (c’est le cas de La Mecque). Bien que l’autel puisse encore désigner l’ensemble d’un lieu de culte — les Orientaux en ont gardé la coutume —, il en est venu à signifier son centre : la table où l’on offre à Dieu sa nourriture. Placer des aliments sur cette table de pierre revient à les mettre entre les mains de Dieu ; les faire fumer, c’est les diriger vers le ciel, pour que Dieu en respire l’agréable odeur (cf. Gn 8, 21). Table où les offrandes « passent » dans le domaine du sacré divin, l’autel participe à la sainteté de Dieu ; c’est pourquoi il n’est pas accessible à tous : les prêtres seuls, habituellement, peuvent s’en approcher (cf. Ex 29) avec des gestes de vénération, comme le baiser pratiqué dans la liturgie de la messe.

Table de l’holocauste, où la victime part toute en fumée vers Dieu, l’autel est aussi la table où Dieu et la communauté des fidèles se partagent les aliments, en signe de communion. La nourriture venue de Dieu lui est restituée, et la part qui revient à l’homme est pleine- ment reconnue comme sacrée. Dieu et l’homme communient à la même vie : ils sont convives. Lors de la conclusion de l’Alliance au Sinaï, une partie du sang des victimes sacrifiées est versée sur l’autel, qui représente Yahvé, et l’autre partie sur le Peuple. Grâce au sacrifice, Dieu et l’homme deviennent consanguins (cf. Ex 24). Dans la nouvelle Alliance, le Christ est à la fois l’autel, comme Dieu, la victime et le prêtre, en tant qu’homme. Si l’autel, la victime et le prêtre se concentrent en la personne du  Christ, serait-il encore nécessaire de parler de bâtir un autel à l’ère chrétienne ? S’il faut le faire, quelle forme doit-il avoir ? Nous allons examiner les différents types d’autel et leur fonction dans l'Ancien Testament pour nous en inspirer.

  1. II.           Les types d’autel et leurs fonctions

Dans l’Ancien Testament, les autels se caractérisent à la fois par la matière qui a servi à leur édification (terre, pierre, bois, airain, or, etc.) ou par leur taille (grande et haute, petite et basse), par leur position dans le tabernacle ou par les types de sacrifices qui y sont faits. Nous optons pour la distinction liée au type de sacrifice. Il y a deux types :

Les autels des holocaustes et de sacrifice d’expiation. Cet autel est en bois surmonté des plaques d’airain pour le protéger contre le feu. On faisait toute forme de sacrifice entier ou partiel. L’autel des parfums était une petite table de bois de sittim recouverte d’or, carrée, ayant 0,72 m de côté, et un peu moins de 4,44 m en hauteur. Une corniche d’or l’entourait ; aux quatre angles était une corne également d’or, et l’on pouvait le transporter au moyen de barres de bois de sittim plaquées en or.

  1. III.          Nécessité d’un autel personnel et ses implications pratiques

-      Dieu vient là où Israël offre un sacrifice sur l'autel

Cette loi sur l'autel m'apprend d’abord que, à l’occasion d’un sacrifice, Dieu vient et que le lieu de cette venue est l’autel. Il faut prendre ces mots très au sérieux : Dieu vient. Contrairement à ce qu’on a coutume d’imaginer, le sacrifice n’a donc pas pour objectif de créer un mouvement de bas en haut, de la terre au ciel, mais un mouvement de haut en bas. Ce n’est pas le sacrifiant qui, par l’intermédiaire d’une victime monte à Dieu, c’est au contraire Dieu qui descend sur terre pour venir auprès du sacrifiant et recevoir la victime qui lui est présentée.

Qu’est-ce à dire ? Que signifie ce rapprochement entre la théophanie du Sinaï (la venue, pour employer le terme hébreu, de Yhwh au Sinaï) et la venue de Yhwh lors d’un sacrifice, sinon que tout autel devient en quelque sorte un Sinaï. Telle est sans doute la raison pour laquelle cet autel doit être une sorte de montagne miniature, et être donc fait de matériaux bruts, de terre ou de pierre. Et comment échapper à la conclusion que tout sacrifice devient le lieu d’une théophanie, devient une théophanie qui n’est plus limitée au temps mythique des origines d’Israël, qui n’est plus limité au Sinaï, en un territoire extérieur à Israël, mais qui peut se reproduire en tout temps et en tout lieu ?
Avec une petite réserve : «Partout où je rappellerai mon Nom». Une petite réserve qui laisse l’initiative à Dieu, pour éviter que Yhwh ne soit assimilé à un vague génie des mille et une nuits : on frotte la lampe et le génie apparaît. Pour éviter cette interprétation qui mettrait Yhwh à la disposition du sacrifiant, cette réserve a été introduite par la précision : partout où je rappellerai mon Nom.

2. Dieu vient pour recevoir l’hospitalité de son peuple s
Dieu vient, nous est-il dit, à l’occasion d’un sacrifice. C’est parce qu’on y offre des holocaustes et des shelamîm (= sacrifice de paix), des victimes de gros et de petit bétail, que Dieu vient. La question qui se pose est évidemment : quel est le rapport entre ces holocaustes et ces shelamîm (= sacrifice de paix), entre ces moutons, ces pièces de gros bétail et la venue de Yhwh ? Pourquoi l’offrande de mouton et de bœuf attire-t-elle Yhwh ? Pourquoi se donne-t-on la peine d’écorcher la victime, de la dépecer, de laver les entrailles et les pattes, peut-être même de la saler ? Pourquoi n’offre-t-on à Yhwh que des matières comestibles, et non de l’or ou des vêtements précieux, des bijoux ? Pourquoi, sinon parce que ce que l’on veut offrir à Yhwh c’est en réalité un repas ? Psaume 50 : Si j’avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde et ce qui le remplit sont à moi. Vais-je manger la viande des taureaux et boire le sang des boucs ? Parfaitement incompatible ? Examinons un texte qui a largement échappé à la perspicacité des exégètes : « Vous rendrez un culte à des dieux œuvre de main d’homme, du bois et de la pierre,  qui ne peuvent ni boire, ni entendre, ni manger, ni sentir » (Dt 4,28). Qu’est-ce que cela veut dire, sinon que le Dieu d’Israël n’est pas un dieu de bois et de pierre, qu'il est un dieu qui peut voir, entendre, manger et sentir ? En fait, je crois qu’il y a là un immense malentendu et une confusion entre le fait de nourrir quelqu’un (un peu comme on nourrit son chien) et le fait d’offrir l’hospitalité. Prenons un exemple : s’il me venait à l’idée d’inviter à dîner le président de la République et que celui-ci acceptait mon invitation, il ne viendrait à l'idée de personne que, sans cette invitation de ma part, le président de la République serait condamné à jeûner ce soir-là et que, s’il n’y avait pas assez de personnes l’invitant à dîner, il serait condamné à mourir d’inanition. Chacun considèrerait que la venue du président de la République serait un très grand honneur.  Eh bien, cela nous paraît évident dans ce cas, mais il n'est bizarrement venu à l’idée de personne  de le transposer sur Dieu. Et lorsqu’on a parlé de sacrifice, on a dit apporter une nourriture à Dieu, mais on a fait comme si apporter une nourriture à Dieu, c’était comme nourrir son chien, et non pas comme inviter un hôte de marque. 


En offrant un sacrifice à Dieu, en lui présentant de la nourriture, on ne le nourrit pas, mais on l’honore. Et on l’honore de deux manières. La première : comme Abraham, on prépare à l'intention exclusive de Dieu un repas auquel on ne prend pas part soi-même, se contentant de se tenir à distance, à sa disposition, pour répondre à ses moindres désirs. Cette forme d’hospitalité nous est peu familière, puisque nous avons l’habitude de manger avec les autres; elle est pourtant attestée en Gn 18 et 1 S 28 et sa traduction au plan rituel, c’est l’holocauste où la victime est entièrement offerte à Yhwh. La seconde forme d’hospitalité, que nous connaissons bien et dont la traduction au plan rituel est le sacrifice de communion, est celle où le repas est partagé entre Dieu, les prêtres et l’offrant. Si donc Dieu vient auprès du sacrifiant, c’est afin d’accepter l’invitation qui lui est adressée et recevoir les marques d’honneur de la part de ses fidèles. Mais s’il vient, il manifeste aussi par là qu’il est semblable aux êtres humains. Il est le Dieu transcendant qui réside au ciel -- la Bible hébraïque insiste sur le fait que ce ciel est totalement inaccessible aux humains --, le Dieu qui ne saurait être représenté par une statue d’or ou d’argent. Mais en même temps, il se révèle comme celui qui est semblable aux humains, puisque seul un être comme eux peut goûter aux charmes d’un bon repas et respirer le parfum d’agréable odeur qu’il dégage. Il est semblable, mais il est différent, puisque seul Dieu reçoit la graisse et le sang des victimes qui sont strictement interdits à la consommation humaine, et puisque la matière sacrificielle est brûlée sur l’autel. la deuxième conclusion qu’il me semblait pouvoir tirer  de ces textes :  si Dieu vient, c’est pour recevoir l’hospitalité de son peuple, c’est pour  partager avec lui un repas et se manifester, se révéler ainsi à lui comme l’autre semblable.

3. Lors d'un sacrifice, Dieu vient pour bénir son peuple 
Une dernière conclusion. Le v. 24b qui est placé au centre de la loi sur l’autel est construit de telle manière que l’accent est mis sur les derniers mots. Cela ressort même en français : Je ferai rappeler mon nom (en hébreu, 3 mots), je viendrai vers toi (en hébreu, 2 mots), je te bénirai (en hébreu, 1 mot). De sorte que tout tend vers ce mot qui conclut le v. 24  : Je te bénirai.  Lorsque je prends ce texte au sérieux -- et tout me montre qu’il faut le faire --, la conclusion qu'il me faut tirer est la suivante :  lorsque Dieu vient, à l’occasion d’un sacrifice, c’est pour bénir.

le sacrifice n’est pas destiné à apaiser Dieu, un dieu qui serait courroucé, je ne sais pour quelle raison. Cela signifie aussi que le sacrifice n’est pas destiné à disposer favorablement Dieu qui, par principe, serait de mauvaise humeur. En parcourant la bible hébraïque, je n’ai trouvé que deux textes où ce type de fonction est attribué au sacrifice : l’un en 1 S 26,19 où David, s’adressant à Saül qui le pourchasse, lui dit : «Que le roi, mon Seigneur, daigne maintenant écouter les paroles de son serviteur. Si c’est Yhwh qui t’excite contre moi, qu’il accepte une offrande.» Le seul autre texte que l’on puisse citer est le prologue du Livre de Job : après que ses fils aient festoyé, Job offrait pour chacun d’eux un holocauste, car disait-il, «peut-être  mes fils ont-ils péché et ont-ils maudit Dieu dans leur cœur.» Éventuellement, pourrait-on aussi estimer  qu’il donne une idée de sacrifice servant à l’expiation. Mais, en dehors de 1 S 26,19 et Jb 1,5,  il n’est nulle part question  d’un sacrifice destiné à apaiser Dieu ou à le disposer favorablement. « Dans les deux cas cités, c’est l’initiative des hommes qui estiment que le sacrifice apaiserait la colère de Dieu »
De sorte que, je le dis avec force, toute théorie du sacrifice israélite qui ne fait pas de ce “bénir” la visée centrale du sacrifice doit être considérée comme non biblique.

Ceci vaut, bien entendu aussi, pour la fameuse théorie de la satisfaction vicaire, qui a largement dominé l’interprétation du sacrifice, qui a été la théorie classique jusqu’au début du siècle dernier, qui l’est encore en partie, en tout cas qui imprègne encore les esprits… Selon cette théorie, la victime  sacrificielle serait mise à mort de manière à subir, à la place de l’offrant, la mort que celui-ci aurait méritée du fait de  ses péchés; et Dieu, au spectacle de cette peine de mort infligée à un substitut, renoncerait à sa colère. Cette théorie de la satisfaction vicaire ne rend absolument pas compte de la fonction du sacrifice dans l’ancien Israël.  Pour l’ancien Israël, pour la bible hébraïque, le Dieu qui vient lors d’un sacrifice vient uniquement pour bé

celui-ci, nous dit-il, permet à Israël de faire venir Dieu, un Dieu qui se révèle à cette occasion comme l’autre semblable, de faire venir Dieu en vue d’obtenir sa bénédiction.

Conclusion

Parler de la nécessité d’avoir un autel personnel revient à présenter le caractère indispensable de la rencontre entre Dieu et l’homme. Dans le régime du sacerdoce universel, principe caractéristique du protestantisme dont la semaine nationale a été lancée ce jour, revient à la relation intime que chaque croyant doit établir avec Dieu. Le sacrifice à offrir sanglant, entier, partiel ou de parfum trouve leur reflet dans la prière, l’acte d’abandon du péché et de renoncement de ce qui fait plaisir à l’homme charnel et les prières d’actions de grâce et de paix que nous élevons vers Dieu qui en fait est en nous, au milieu de nous et pour nous à travers le Saint-Esprit. Faut-il bâtir, donc investir pour un autel personnel à l’ère du sacrifice ultime de Jésus et de l’adoration en Esprit et en Vérité ? La réponse est oui, mais pas un autel construit par des matériaux périssables et terrestres, mais de mains de Dieu qui nous a fait naître de nouveau par notre conversion et nous a élevé à la dignité des héritiers du Royaume avec son Fils Jésus notre maître et notre frère.

Commentaires

  • SILE

    1 SILE Le 29/02/2016

    Amen

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