La Parabole des deux Fils

Agir selon la volonté de Dieu

L’Évangile que nous venons de lire est un chef-d'œuvre de Matthieu, l’un des apôtres,  fut d’abord un collecteur d’impôt avant de se convertir pour suivre Jésus et le servir. Il a subi le mépris des chefs religieux juifs et des pharisiens qui considéraient les prostituées et les collecteurs d’impôts comme des lépreux. Mais, Matthieu demeura dans sa posture parce qu’il gagnait bien sa vie en estoquant les autres et surtout parce qu’il n’avait pas rencontré un bon berger. Lorsque Jésus lui adressa la parole avec amour et qu’il découvrit que sa vie avait du sens aux yeux de Dieu, il se repentit et suivit Jésus. Son ouvrage s’adressait aux judéo-chrétiens de la diaspora, probablement de la Syrie. Toutefois, il ouvrait quelques brèches aux pagano-chrétiens. Le maître –mot de cet évangile est « ACCOMPLI ». Matthieu montre qu’en Jésus, les prophéties messianiques de l’Ancien Testament trouvent leur accomplissement. Cette parabole qui n’est rapportée que par Matthieu justifie à souhait que Matthieu voudrait bien montrer que le fait de se vanter d’une pratique religieuse, d’une certaine moralité, d’être plus digne et plus méritant que les autres n’ouvrent pas les portes du royaume de Dieu, ni à soi-même, ni aux autres. Seul, l’amour et l’humilité qui ont conduit Christ à se dépouiller de sa divinité pour revêtir l’humanité et s’est rendu obéissant jusqu’à la mort de la croix (Phil 2.1-11) peut nous sauver et nous ouvrir à l’autre. Cependant, ce sont ces postures intégristes, ces attitudes piétistes et exclusivistes qui sont à l’origine de la montée des groupes intégristes et terroristes dans le monde. S’il est vrai que le politique s’est servi de tendances intégristes pour semer le désordre afin de mieux exploiter les ressources de certains pays, il faut reconnaître qu’il a trouvé un terrain fertile. N’est-ce pas au milieu de nous il y ‘a le camp des sauvés et le camp des perdus ? Si cela dépendait de certains, beaucoup de personnes seraient exclues du temple parce qu’ils sont pécheurs. Il faut le dire sans langue de bois que les discours que nous tenons en pointant un doigt accusateur sur ceux qui ne font pas comme nous, ceux que nous appelons « Yanze », sont ceux qui font germer la haine et le mépris de l’autre et conduit à l’intégrisme voire au terrorisme. Sachez-le bien, l’orthodoxie n’a jamais existé et le judaïsme dans lequel est né Jésus ne l’a pas connu. En effet, nous sommes plus fondamentalistes que ceux que nous taxons de fondamentaliste, puisque nous les méprisons et nous concentrons à faire leur publicité.

Dimanche dernier, nous avons appris qu’il n’est jamais trop tard pour entrer dans la grâce de Dieu. Être dernier n’est pas une fatalité. On peut se défaire de cette place par le travail, la prière et la grâce de Dieu. Être premier n’est pas un acquis. Il faut travailler dur pour s’y maintenir et ne pas être évincé. Si on est premier, il faut l’être dans les normes et non par des manigances et des voies tortueuses. Cela dit, bien que le salut est une grâce, il faut se l’approprier en venant au pied de Jésus déposer le fardeau de ses péchés. Pour ce faire, il faut se revêtir de l’humilité et se laisser transformer par l’Évangile. Or, la parabole que Matthieu rapporte ici est une réponse de Jésus aux chefs religieux qui contestaient son autorité, tout simplement parce qu’ils estiment que Jésus n’a pas de maître reconnu. En effet, dans le monde antique tout enseignement et tout enseignant, pour être reconnu comme ayant autorité, devraient être enseigné par un maître dont l’autorité intellectuelle était incontestable. De même, tout enseignement devrait faire référence à celui d’un grand maître. Platon et Aristote ont connu leur succès parce qu’ils étaient les élèves de Socrate. Les chefs religieux juifs se réclamaient de Moïse et nous avons vu Paul affirme, qu’il a étudié à l’école de Gamaliel, un érudit juif dont la réputation faisait l’unanimité en cette période. Malheureusement, de nos jours aussi, les chrétiens sont tombés dans ce piège des  diplômes et de l’intelligencia (qui n’est pas foncièrement mauvais). En effet, ce qui devrait compter pour nous c’est l’Évangile.  Et quand il est annoncé, il doit nous conduire à l’action, au changement, à la foi.  

Dans cette parabole que nous avons lue, un père invite ses deux enfants à travailler dans la vigne. La vigne dans la Bible représente l’humanité et chacun de nous individuellement (Esaïe 5 ; Job 15.33,..). Cela dit, Dieu nous invite à participer à la construction de l’humanité et de notre vie. Or, une vigne mal entretenue ne peut pas produire de bons fruits et même ne peut rien produire. Nous notons que le père appelle chacun de ses enfants individuellement.  Ceci veut dire que chacun de nous compte aux yeux de Dieu et il interpelle la volonté de chacun afin de répondre à son invitation. En invitant chaque enfant à aller travailler aujourd’hui, l’urgence de l’action à accomplir est mise en exergue. Il ne  s’agit pas de quand tu auras le temps, mais maintenant, aujourd’hui, voire tout de suite. C’est aujourd’hui que nous devrons accomplir dans le champ de Dieu, le monde, l’Église et notre vie ce que Dieu attend de nous. Cet aujourd’hui, est le temps nunétique  que le brigand sur la croix a saisi pour se repentir et entrer dans la félicité céleste avec Jésus. C’est aujourd’hui que Dieu attends que nous changeons d’attitude vis-à-vis du péché, c’est aujourd’hui qu’il faut décider de s’inscrire au catéchisme, aujourd’hui qu’il faut apporter ta contribution au développement de la Paroisse, aujourd’hui qu’il faut rembourser à celui que tu dois dont tu dribles pendant longtemps, c’est aujourd’hui qu’il faut dire OUI à cette fille ou à ce garçon que tu trimballes pour le mariage, c’est aujourd’hui qu’il  faut dire la vérité à ceux que tu mens tout le temps. Bref, aujourd’hui c’est le temps favorable d’action, car on ne sait pas ce que sera demain.

Dans cette parabole de deux fils qui ne traduit rien du manichéisme ni du dualisme où  d’un côté il y a les bons et de l’autre les mauvais, Jésus met ici l’accent sur l’accomplissement de la volonté du Père dont Dieu. C’est ce qui explique la question posée aux pharisiens. Qui des deux  enfants a fait la volonté de son père ?  En examinant bien ce texte et d’autres passages de l’évangile de Matthieu qui font référence à l’accomplissement de la volonté de Dieu, on se rend à l’évidence qu’il n’est pas seulement question d’agir, de travailler, mais il s’agit surtout d’agir conformément à la volonté de Dieu. Quelle est donc cette volonté ? La première action que Dieu attend est celle qui est proclamée dans la prophétie d’Ézéchiel 18 ; 27a : « Si le méchant revient de sa méchanceté et pratique la droiture et la justice, il fera vivre son âme. » Il s’agit donc de se détourner du mal pour pratique la justice et la droiture. C’est ce que le premier enfant, les prostituées, les publicains ont fait. Notons tout de même que le terme grec qui traduit la repentance accomplie par l’enfant qui a dit « non avant de dire « oui », n’exprime pas l'état d'une personne dont le cœur a radicalement changé. Et qui éprouve une aversion pour les péchés de son passé et désire rompre avec ceux-ci. Mais tout simplement une douleur, un sentiment de regret, un changement d’idée. Cette attitude peut conduire au salut tout comme à la mort, comme ce fut le cas de Judas. Ce que Jésus attend des pharisiens et de nous aujourd’hui,  c’est le changement radical vis-à-vis du péché. C’est ce mot qui est employé au verset 32.

Aujourd’hui, le Seigneur veut particulièrement attirer notre attention sur le « Oui Seigneur », qui devient « non ». Comment cela peut-il se faire ? Nous pensons qu’il y a deux possibilités et cela, il faut écouter attentivement. Notez que le « oui seigneur » de cet enfant renvoie au «  Seigneur, Seigneur, de Matthieu 7. 21. Jésus dit dans ce passage que : «  Pour entrer dans le royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire :’’Seigneur ! Seigneur ! ‘’ Il faut accomplir la volonté de mon Père céleste. »  A la suite de ce verset de Matthieu 7, il faut noter que la sincérité de ceux qui appelaient Jésus 'Seigneur, Seigneur' n'est pas en cause. Ils désiraient sincèrement prêcher Jésus-Christ. Toutefois, cela ne leur permettra pas d'être admis dans le royaume, car ils ont omis la seule chose indispensable, une fidèle obéissance à la volonté de Dieu.  Oui bien-aimés, la fidélité à Dieu et l’obéissance à sa volonté, c’est ce qui nous fait défaut.

Revenons à nos deux hypothèses pour justifier comment un OUI peut devenir un NON.

Premièrement, certains estiment qu’en disant Oui à Dieu le jour de leur baptême, lors de leur installation ou en approuvant un programme de retraite spirituelle, un projet ou en acceptant d’être nommé ancien ou conseiller, ou responsable d’une commission, d’être père ou mère, on a fait la volonté de Dieu même si la vie continue comme avant et qu’aucune action n’a suivie ce oui en parole. On se contente d’avoir fait la volonté de Dieu par notre oui.

Deuxièmement, un 'OUI' peut devenir un 'NON' si la personne dit 'oui' avec l'idée de servir Dieu à sa manière. « Oui je vais lui obéir, mais je vais le faire selon mes préférences. » Jésus ne veut pas ce genre de disciple. Il veut des disciples qui travaillent sous son autorité, c'est-à-dire des disciples sur qui sa volonté pourra agir. Il est possible de professer la foi en Christ tout en étant indifférent ou même parfois hostile aux commandements difficiles. Ceux qui font cela vivent leur foi en fonction des portions de la Bible qui leur conviennent. Ce pseudo-dévouement chrétien, où les intérêts personnels sont encore bien gardés, est considéré par ceux-ci comme étant de la piété. C’est ce cas qu’on dénombre le plus parmi les chrétiens. Oui, je vais te suivre et te servir Seigneur, mais nous demeurons des femmes et des maris irresponsables ; des enfants qui trompent leurs parents en leur faisant croire qu’ils vont à l’école, aux répétitions à l’Église, mais passent leur temps à changer des tenus comme des caméléons. Ils sont là parmi nous. Des commerçants passent le temps à mentir comme si c’est en mentant qu’ils peuvent persuader les clients.des fonctionnaires qui arnaquent les usagers et n’ont pas pitié du chercheur d’emploi. Des planteurs et cultivateurs qui  font reculer les limites au jour le jour. Tous ceux-ci ne se contentent que de venir à l’Église, de donner leurs offrandes et prétendent obéir au Seigneur. Mes chers frères et sœurs ne vous y trompez pas! On ne peut pas tromper Dieu.

Au demeurant bien aimé, Jésus attend de nous un changement radical et que nous agissions selon la volonté de Dieu. Cela dit, les promesses que nous faisons, les engagements que nous prenons juste pour contenter les hommes ne participent pas à notre salut. D’ailleurs, le terrorisme, les filles qui abandonnent leurs enfants, l’insécurité, le banditisme, l’alcoolisme sans les justifier sont le plus souvent causées par les promesses non tenues et notre mauvaise gestion de la société nous les chrétiens.  Agir pour Dieu en transgressant ses lois c’est lui désobéir de la manière la plus impolie. C’est vrai que c’est difficile, mais le Seigneur nous a promis son soutien, le Saint-Esprit nous aidera à marcher dans toute la vérité. Notre réponse à l'appel de Dieu est la décision la plus importante que nous ayons à prendre dans la vie. Nous devons être conscients qu'en répondant par un 'OUI', nous nous engageons entièrement à aller travailler à l'avancement du royaume de Dieu, à vivre d'une manière qui soit digne de son nom, et à dépendre de sa puissance pour le réaliser. Nous pouvons à cet effet répondre à cette invitation qu’il adressera à ceux qui ont fat sa volonté : «  venez chercher votre héritage ? Le royaume est à vous ! » Amen !

ParGUIDEME Gabriel

 Pasteur Proposant

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