Arrêtez de juger l'autre, repentez-vous!

Amis auditeurs et auditrices de la  Méditation protestante, bien-aimés en Jésus-Christ, l’actualité dans le monde et autour de nous est sombre et lugubre. Il y a quelques jours les populations de Mémé dans l’Extrême –Nord du Cameroun ont été surprises en plein marché par une déflagration de bombe qui a fait des dizaines de blessés et de morts innocents, en Syrie, en Turquie des hommes et des femmes ont péris de suite d’attentats suicides, n’en parlons pas des milliers des victimes de catastrophes naturelles telles les tempêtes, le tremblement des terre pour ne citer que ceux-là. On se demande qui est le responsable de ces catastrophes  humaines et naturelles ? Les victimes ne sont-elles pas coupables de ce qui les arrivent ou bien y’a-t-il pas une responsabilité des gouvernants, des autorités religieuses ou bien ne sont-elles pas victimes d’une malédiction divines ou ancestrales ? Le texte que nous venons de lire nous présente des situations similaires à ce que nous vivons aujourd’hui dans le monde. Des galiléens dont le sang a été mêlé à leur sacrifice par la cruauté de Pilate ; des habitant de Jérusalem qui ont péri sous les décombres d’une tour parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit à un mauvais moment et un figuier menacé d’être coupé par son propriétaire parce qu’il est improductif. Dans ces trois situations dont seule la première est rapportée à Jésus par la foule, Jésus veut inviter ses interlocuteurs à changer de logique et de regard.

 Dans l’imaginaire des contemporain de Jésus et dans le judaïsme en particulier on pensait que c’est parce qu’on avait fait des péchés ou nos parents avaient péché qu’il nous arrive des catastrophes. Nous ne sommes pas différent d’eux. Aujourd’hui chez nous ici on accuse les sorciers, la malédiction des ancêtres et certains chrétiens voient des liens partout comme cause de nos malheurs. Oui, bien-aimés auditeurs et auditrices, les mentalités n’ont pas changé. La faute c’est chez l’autre, l’autre est la source de nos malheurs, on ne voit jamais nos responsabilités. Et, c’est cette mentalité accusatrice et de fuite de responsabilité que Jésus veut que nous changions. C’est cela la conversion. La conversion est un changement de direction et de mentalité. Elle consiste à nous détourner de la voie du péché pour suivre la lumière de l’Evangile et changer notre mentalité d’autojustification pour une prise de conscience de notre égarement et de nos péchés en vue de nous abandonner à la grâce et à la miséricorde de Dieu. Jésus nous invite donc ce matin à la conversion de nos attitudes et de nos logiques. Dans les différentes situations évoquées dans le texte de ce matin, Jésus dit « non » au rejet de la faute sur l’autre, sur le passé. Le « non » de Jésus n’est un non à aucune question de la foule, pas aux questions qu’ils n’ont pas posé, pas un « non » à la question de savoir si c’est vrai ce qu’ils pensaient, pas un non à savoir si on est la propre cause de nos malheurs.

C’est un « non » à toutes leurs attitudes, à toutes nos attitudes improductives. Chercher toujours des causes à ce qui n’en a pas toujours. L’autopsie traditionnelle des défunts, même décédé d’une maladie cliniquement connue ou d’accident de circulation est en un exemple patent. Chercher toujours des coupables quand il arrive une catastrophe. Une incendie par exemple, les attentats de Boko Haram. Oui, il faut chercher les causes, mais n’oublions pas nos responsabilités et l’interpellation que ces catastrophes nous font.

Chercher toujours dans notre société des boucs émissaires. En politique et en économie, les boucs émissaires paient le prix de la survie de leur groupe ou de leur entreprise pourtant la faute est parfois collective voire structurelle. Les étrangers qu’on accuse du chômage. Les jeunes qu’on accuse de l’insécurité. Les fonctionnaires qu’on accuse de corruption. Les gouvernants qu’on accuse de mauvaise gouvernance. Chercher qui couper, expulser, licencier.

C’est tout ça qu’il faut arrêter.

Arrêter de juger les autres. Arrêter d’enfermer les gens dans les catégories de « coupables », pécheurs. Certains prédicateurs sont des champions de telles accusations et oublient que certains de leurs enseignements radicaux sont les causes des troubles et divisions diverses dans les familles et les ménages.

Arrêter de toujours regarder en arrière, d’être tourné vers l’arrière. De s’enfermer et d’enfermer les autres dans le passé. C’est le propre des africains, qui, au lieu de construire leur avenir passent le temps à accuser les colonisateurs et l’occident comme source de leur malheurs en oubliant de prendre conscience de leur propre responsabilité.

Jésus dit « non » pour que nous disions « oui » à ce qu’il nous propose.

Jésus n’attend pas de réponse de la foule sur le fait de savoir ce qu’elle pense de cette histoire de galiléens tués par Pilate ou de personnes écrasés par la tour de Siloé. La seule réponse qui l’intéresse c’est savoir s’ils sont prêts à dire oui à ce qu‘il propose. Et la question nous est posée à chacun et à chacune de nous ce matin. Notre réponse à la proposition de Jésus, c’est ne plus rejeter  sur les autres nos propres responsabilités.  N’attendons pas des réponses des autres. Il n’y a que chacun d’entre nous qui peut dire « oui » à Jésus Christ.

Il n’y a que nous qui pouvons prendre l’initiative de regarder ce que nous pouvons faire pour que les arbres qui nous entourent donnent du fruit. Il n’y a que nous qui pouvons prendre la bêche et creuser autour de l’arbre. Il n’y a que nous qui pouvons savoir s’il faut mettre du fumier ou autre chose. Et nos arbres sont multiples : vie personnelle, vie de couple, vie de famille, de quartier, avenir de notre pays, de la planète. Il n’ y a que nous pour changer les situations désastreuses de nos vies, de notre société et du monde et non aux autres ou aux situations elles-mêmes de changer. N’accusons les liens familiaux, les malédictions parentales ou ancestrales, n’accusons pas le gouvernement, les hommes politiques, l’occident. Non regardons à nos vies. Sommes-nous nés de Christ ? Vivons par l’Evangile ? L’amour est-il le moteur de nos actions ? Car, si nous sommes en Christ, nous sommes une nouvelle création. Les choses anciennes sont passés et voici toutes choses sont devenues nouvelles. Les choses anciennes ce sont les liens familiaux maléfiques, les malédictions ancestrales, les conséquences de la colonisation, la dépendance économique et politique, l’esprit d’accusation et d’autojustification que nous avons hérité d’Adam déchu. Bien-aimés, si nous prenons chacun et chacune conscience de nos responsabilités dans ce qui arrive, si nous nous tournons vers le Christ qui est la source de vie et si nous vivons de sa vie, alors les cruautés et les injustices de notre monde vont se changer en amour, justice et ordre. Le temps de conversion, c’est maintenant. Maintenant, il faut se mettre au travail pour que nos figuiers produisent des fruits demain. Maintenant, il faut agir pour éradiquer la peur, la torture, la corruption, les débauches et les impudicités, la pauvreté, le terrorisme. Maintenant, il faut dire OUI à Jésus qui dans sa patience attend que nous produisons des fruits à l’avenir. Certes, ça l’énerve de nous voir tourner en rond, il aimerait couper court comme il coupe court avec ses interlocuteurs. Il cherche à bousculer les logiques qui nous font rejeter la faute sur les autres, à regarder vers le passé. Mais malgré tout, il nous ouvre l’avenir, repoussant année après année la même catastrophe qui  pourrait nous arriver, il nous ouvre l’avenir pour que nous y répondions. Disons donc OUI à la logique de vie de Christ et à la vie qu’il nous offre. Amen !