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DIEU SURPREND, DIEU PRSENT

Texte Luc 3 : 1-6

En ce deuxième dimanche de l’Avent, notre calendrier universel de lecture biblique rompt avec l’Évangile de Marc et nous invite à examiner la version lucanienne de l’Évangile. Et la question qui peut surgir à cette rupture est de savoir quelle est la particularité de Luc. Contrairement à Matthieu éberlué par la promesse messianique faite aux Juifs qui s’efforce à présenter Jésus comme l’oint de Dieu ; contrairement à Marc qui présente Jésus comme le Fils de Dieu et le fait à travers des actes de puissance et miraculeux ; contrairement à Jean qui répond aux questions d’ordre philosophique et présente Jésus comme le véritable Logos préexistant, créateur et incarné, Luc se distingue par la simplicité de son récit et présente Jésus comme le sauveur de l’humanité. Le salut pour Luc n’est pas réservé aux juifs exclusivement, mais il est pour toute chair. Pour Luc l’intervention de Dieu dans le monde par Jésus n’est pas un événement surnaturel et extraordinaire, mais elle s’inscrit dans l’histoire. Le sauveur du monde vient à la rencontre des hommes d’une époque précise et dans un présent précis. Le surnaturel et l’extraordinaire résident dans l’œuvre que cette intervention produit dans l’histoire. Comment ce salut se réalisera-t-il ? Luc présente un paradoxe entre la simplicité du messager et la complexité du message, la simplicité de l’annonce et la grandeur de son effet. Il y aura des grands bouleversements, on dirait les réalisations de grandes ambitions : des autoroutes remplacent des routes tortueuses et étroites, des grands stades remplacent les vallées et les collines excentrées des cités, des immeubles prennent la place des bidonvilles. Mais comment ces bouleversements peuvent-ils être possibles et qui va les provoquer ? Selon l’imaginaire humain, pour réaliser de tels exploits, pour accomplir des telles transformations, il faut des grands moyens. Comme nous avons l’habitude de penser ou du moins on a l’habitude de nous faire croire. Il faut jeûner pendant des années pour accomplir de grands exploits et avoir un ministère puissant, il faut faire de grands sacrifices pour avoir de grandes bénédictions, il faut occuper de grand poste pour avoir de grands impacts, il faut être le premier, la tête pour entrainer de longues queues. Ces messages ou du moins ces pensées qui nous font penser à la demande des fils de Zébédé sont battus en brèche par le récit lucanien de l’Avent et l’irruption du sauveur du monde. Loin de nous l’idée de condamner ou de réfuter le jeûne, les sacrifices, ces choses sont pour nous l’œuvre de la Parole de Dieu en nous et manifestent notre attachement à Christ.

         La lecture de notre texte peut bien surprendre des lecteurs. On dirait un livre d’histoire, une chronique. Luc situe le ministère de Jean Baptiste dans une période précise : la quinzième année du règne de César Tibère, au temps de Ponce Pilate et du sacrificateur Anne et Caïphe. Je vous fais grâce d’autres détails. En effet, bien que Luc veuille nous montrer que son témoignage est vrai (comme il l’indique à l’introduction de l’évangile), le but de Luc est de nous montrer que la grandeur et la puissance de Dieu se manifeste dans le petit, le faible, l’humble, le pauvre. Et cela nous interpelle à bien des égards dans un monde où le pouvoir, la puissance, l’autorité sont considérés comme gage de réussite, de succès voire du salut.

La Parole de Dieu, la révélation relative au salut du monde n’est pas donnée à l’empereur, au gouverneur ni au souverain sacrificateur, mais au tout petit Jean le baptiste, fils d’un certain Zacharie alors qu’il était dans le désert. Pourquoi ? Le pouvoir et l’autorité sont-ils incompatibles avec la Parole de Dieu ? Loin de là ! Il y a dans la Bible des personnalités de haut rang qui a été investi par Dieu pour porter son message. Le problème se situe au niveau de leur vie. Ces gouverneurs, empereurs et souverains sacrificateurs sont des symboles de l’oppression politique et religieuse de cette époque. Parmi eux des sanguinaires, persécuteurs des chrétiens, imposteurs, intrigues et des trafiquants dans la maison de Dieu. Il se servait de leur autorité pour asservir le peuple. Comme le font encore aujourd’hui des dirigeants dans le monde et certains hommes d’Église. Tout pour eux et rien pour les autres, tout par eux et rien par les autres. Leurs idées et leurs opinions sont parole d’évangile et indiscutable. Ils soumettent le peuple à la servitude politique, économique et religieuse. Ils se considèrent comme des dieux, détenteurs et décideurs de la destinée de ceux qu’ils dirigent. Les opposants sont matés et parfois exécutés. La presse muselée. On impose aux pauvres un système économique qui les appauvrit davantage et une monnaie de servitude. A L’Église, ils prennent la place de Jésus et se présentent comme la seule voie pour obtenir le salut ; ils soumettent les fidèles à des exigences qu’ils ne pratiquent pas en procédant par un lavage de cerveau. Ils diabolisent tout et en diable en chef ils sont les seuls à ordonner à leurs sujets les démons de sortir de vous. Jésus n’est qu’un prétexte, un mot de passe et non l’auteur de guérison et de délivrance. Ce qui les intéresse ce n’est pas le salut de l’âme, mais la vie éternelle sur la terre, la richesse matérielle et la position sociale. Or, dans ce texte, la parole de Dieu est adressée à un certain  Jean le Baptiste, ce pauvre fou presque nu, se nourrissant de lait et de miel sauvage. Il n’avait rien de puissant ni de fort. Mais à lui la parole de Dieu est confiée pour transformer les grands et changer le monde. Si nous voulons aujourd’hui être des porteurs de la parole de Dieu, il nous faut reconnaître notre faiblesse, notre impuissance et revêtir l’humilité. Dieu fait grâce aux humbles et résiste aux orgueilleux.

La simplicité du régime alimentaire de Jean Baptiste et celui de son habillement nous interpelle. Il ne s’agit pas de nous conduire vivre l’ascèse et de porter les hameaux, Jésus portait un vêtement de luxe (une tenue sans couture n’était pas portée par qui veut) et il mangeait à la table des grands. Il s’agit ici de nous inviter à être naturels et simples même dans le luxe. Une simplicité qui nous ouvre à l’autre et au respect de l’environnement. Au moment où les dirigeants du monde réfléchissent sur les moyens d’inverser la courbe des températures du au mauvais usage de la nature, nous interpellé par Jean Baptiste à consommer naturel et ce qui est produit localement.

C’est au désert, lieu aride et inhabité que cette parole fut adressée à Jean Baptiste. Pourquoi le désert?  Pourquoi pas dans une forêt, un jardin, un temple, la ville, un palais ? Parce que le désert n’est pas seulement une terre aride et desséchée, comme le chantent nos cantiques, c’est aussi le lieu de la présence de Dieu, le lieu de la grâce et le lieu du miracle sans cesse renouvelé. En effet, le désert est le lieu des extrêmes : chaleur extrême, silence extrême, solitude extrême, manque extrême. C’est lieu d’épreuve, de tentation, mais aussi lieu de rencontre avec Dieu. Dans le désert Moïse a rencontré Dieu, Jésus fut mis à l’épreuve, le peuple juif a marché pendant quarante ans traversant doute, incrédulité et manifestation de la puissance de Dieu : manne dans le désert, l’eau du rocher, serpent brûlant, etc. c’est une interpellation pour nous aujourd’hui qui faisons de la vie chrétienne un jardin de délice où tout va à merveille, une vie de réussite et de succès sans appel, une vie sans problème où tout marche comme sur des rails. Du coup, lorsqu’on échoue, lorsque nous avons un blocage, lorsque notre projet de mariage ou d’emploi tarde, lorsque nous nous travaillons sans promotions, nous remettons en doute notre foi, la puissance de Dieu et sa présence. On se culpabilise, on accuse l’autre, on accuse notre église, nos pasteurs. Et la suite, c’est chercher ceux qui nous promettent bénédictions, promotions, prospérités, richesse, délivrance, guérison, etc. Pour l’obtenir, ils ne vous envoient pas à Jésus, mais vers eux. Bien aimés, ce jour retenez que la vie chrétienne, ceux à qui Dieu donne sa parole vivent et traversent le désert. Lorsque tout va mal, cela ne signifie pas que Dieu n’est pas avec vous, au contraire, il est avec vous. Il suffit d’être attentif pour entendre sa parole. Comment ?

Nous devons donc périodiquement  nous pencher sur nous-mêmes pour découvrir l’action de Dieu en nous, et discerner le miracle quotidien provoqué par la présence de Dieu à nos côtés. Cette démarche qui nous parait trop simple n’est pas aussi facile qu’il y paraît. Il n’est pas facile de se pencher sur sa propre vie et de prendre le temps de voir comment Dieu y agit. Regardons notre vie en observateurs, et nous allons découvrir que Dieu ne nous a pas oubliés et qu’il y est présent. Habituellement, nous cherchons ce qui ne va pas chez nous, et nous nous en lamentons. Notre prière cesse d’être une Action de grâce pour devenir la litanie de tout ce qui nous parait inacceptable. Nous devons faire sur nous-mêmes ce travail qui consiste à changer notre regard sur les choses et sur nous-mêmes. Au lieu de considérer ce qui ne va pas, comptons les bienfaits de Dieu dans notre vie et nous verrons le changement. Être chrétien ne signifie pas être mendiant, plaintif, un malheureux qui demande toujours. Être chrétien, c’est être un adorateur du Dieu vivant qui contemple dans le vide et l’absence la présence de Dieu ; c’est voir dans les moments difficiles la main agissante de Dieu qui nous porte et nous garde. C’est cela la repentance, le changement qui s’impose à nous aujourd’hui.

Ce n’est pas la pensée positive qui consiste à se forcer à ne considérer que le positif sans tenir compte du négatif. Il s’agit au contraire de voir l’action de Dieu en nous, et à affronter chaque situation avec confiance, car Dieu a promis qu’il ne nous abandonnera pas et il ne nous délaissera pas. C’est comme la mise en pratique de l’histoire bien connue de cet homme qui au soir de sa vie regarde son existence écoulée en compagnie de Dieu. Il voit la trace de ses pas sur le chemin de la vie et à côté de ses pas, il voit celle de Dieu, mais parfois, en regardant bien, il ne voit qu’une seule série de traces, pesantes, lourdes et il en fait le reproche à Dieu : « Tu vois Seigneur, quand la vie était pesante pour moi et que je peinais sous le poids de l’épreuve, tu n’étais pas là, car on ne voit qu’une série de traces. » « Regarde bien » dit Dieu, « quand les traces sont seules et profondes, ce ne sont pas les tiennes, mais les miennes et si elles sont seules et plus profondes, c’est que je te portais ».

Ainsi, la voix de Jean Baptiste traverse l’immensité du Temps pour nous rappeler périodiquement que Dieu nous porte et qu’il nous invite à nous en rendre compte. Non pas pour lui rendre gloire, mais pour que nous prenions conscience du fait, que même quand nous ne comprenons pas ce qui arrive, Dieu est infatigablement présent. Noël c’est donc l’histoire de la présence de Dieu dans le petit enfant que nous avons été et que nous sommes encore. Noël, c’est Emmanuel, Dieu avec nous, en nous et pour nous. Pour accueillir cette présence, pour que règne sur nos vies le Seigneur Jésus, il faut aplanir et redresser nos sentiers. C’est un changement radical de vie qui consiste à se détourner du péché pour vivre par Christ. Il s’agit pour ceux qui n’ont pas ouvert leurs cœurs à Emmanuel de faire tomber toute seigneurie de leur vie et confesser Jésus comme Seigneur et sauveur. Redresser les chemins tortueux, c’est pour ceux qui font semblant d’être de Christ et vivent dans le mensonge et l’hypocrisie. C’est seulement par un changement radical de notre vie et en vivant en Christ et pour Christ que nous pourrons donc dire avec foi en toute circonstance, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Rien ne pourra donc nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus notre Seigneur et notre sauveur.

Amen !

Par GUIDEME Gabriel, Pasteur proposant

 

 

 

 

 

                                                                                             

Commentaires

  • Nathalie

    1 Nathalie Le 17/10/2018

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    Cordialement
    Nathalie L
  • SILE

    2 SILE Le 19/04/2016

    message réconfortant,instructif,interpellateur.En effet,c'est dans l'horizon de nos souffrances que nous pouvons apprécier à juste titre la présence agissante du Seigneur,à la condition que nous la scrutions avec un esprit régénéré,un regard transfiguré ,des oreilles débouchées.La grande leçon c'est de comprendre que c'est dans le désert qu'on peut mesurer à sa juste valeur ,l'amour insondable ,la miséricorde de Dieu.Quand tout va mieux,l'orgueil en mon âme s'exprime avec vanité,mettant l'obsession sur ma gloire propre ,au lieu de remercier le Seigneur qui me porte .Le désert c'est le lieu des extrêmes ,mais c'est là qu'on peut ,dans la quiétude entrer dans la rencontre avec Dieu.IL m’entraîne dans ces lieux,non pour m'y faire mourir,mais pour m'aider à expérimenter son amour insondable.Visitons donc les déserts de nos vies pour découvrir les mystères cachés des trésors que Dieu nous réserve.
    guigagui2014

    guigagui2014 Le 22/04/2016

    Magnifique commentaire. Si les hommes de notre monde matérialiste et extraverti abandonné et adonné à leur orgueil propre et s'imaginant capable de tout pouvait prendre conscience des vides de leur vie pour s'ouvrir à la grâce et l'amour du Seigneur Jésus-Christ?

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