QUE CHERCHEZ-VOUS?

Prédication du Dimanche 18 Janvier 2015

Textes Jean 1 :35-42

« Que cherchez-vous ? », c’est par cette question que l’évangéliste Jean introduit les premières paroles de Jésus à ceux qui l’ont suivi après avoir entendu les témoignages de Jean-Baptiste. Cette question anodine bien que fondamentale dans la vie et la marche de l’homme, ne peut être comprise que si nous présentons le but et le contexte dans lequel l’apôtre Jean a écrit cet évangile. Notons que l’évangile de Jean est l’un des derniers écrits du Nouveau Testament. Il fut rédigé entre la fin du premier siècle et le début du second siècle alors que tous les autres témoins oculaires de la vie, de l’œuvre, de la mort et de la résurrection de Jésus sont morts. C’est une période qui a connu des troubles multiformes : persécutions des chrétiens, émergence de plusieurs sectes et hérésies, temple de Jérusalem symbole de la présence de Dieu pour les juifs, détruit, plusieurs doctrines philosophiques sont en compétitions. Sa rédaction a donc été influencée par les courants philosophiques grecs qui prônent l’ascèse c’est-à-dire des privations alimentaires et sexuelles strictes, pour se libérer de l’emprise de la chair, certains affirmaient que le Fils de Dieu n’avait pris qu’une apparence charnelle, comme on revêt un manteau. En réaction à ces spéculations philosophico-sectaires, Jean proclame sa foi en la réalité de la chair de Jésus en disant : « Le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous » (1 :14). Jean précise à cet effet que, «  ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus (l’homme) est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (20 : 31). En lisant attentivement cet évangile et en référence au contexte historique de sa rédaction, on remarque que Jean adresse son écrit aux juifs et aux Grecs. Comme tel, il répond à leur double préoccupation telle que l’apôtre Paul le souligne : les juifs demandent un miracle ; le grec, la sagesse. Dans cette perspective, Jean présente Jésus comme celui qui révèle Dieu à travers des signes et à la fois comme la source de la véritable sagesse, car il est la vérité. Cette vérité n’est pas inaccessible comme le prétendent les sceptiques, ni relative comme le prétendent les doctrines relativistes, mais elle est absolue et accessible par la foi et la communion avec le Fils. Et parce que Jean s’adresse aux chrétiens d’origine juive et grecque, Jean mentionne parmi les premiers disciples Philippe qui porte un nom grec et les autres juifs, pour dire que Jésus répond aux aspirations de ces deux entités.

 « Que cherchez-vous et non qui cherchez-vous » sonne donc comme une question qui dévoilerait l’aspiration profonde des disciples de Jésus, de tous ceux qui viennent à sa suite. Que cherchez-vous ? Des signes miraculeux comme le font encore aujourd’hui ceux qui vont d’Église en Église, de paroisse en Paroisse à la recherche des miracles, des hommes et des femmes parfaits, des changements extraordinaires et des bouleversements ? Que cherchez-vous ? La sagesse, la science, les démonstrations savantes et les discours pédants comme le font certains qui ne s’intéresse qu’à l’éloquence du message, à la démonstration scientifique des mystères bibliques ou même à augmenter leurs connaissances livresques avec celle de la Bible ? Que cherchez-vous ? Un emploi, un titre comme ceux et celles qui se mangent les uns les autres pour des titres à l’Église ? Que cherchez-vous ? Un lieu de distraction, un lieu de rendez-vous, un milieu d’exhibition ? Que cherchez-vous bien-aimés, vous qui chaque dimanche venez dans ce haut lieu de prière et d’adoration ?

Bien-aimés, dans un monde qui offrent plusieurs possibilités, où la technologie et le modernisme offrent sans cesse de nouveauté qui nous attirent tant sur le plan matériel qu’idéologique, dans un monde où on trouve rarement de vrais amis qui ne cherchent pas leurs intérêts, un monde où les déceptions, la cupidité, la duplicité sont légions, la question de Jésus est embarrassante. Elle est d’autant plus embarrassante que le besoin de paix, de sécurité, de Justice, de tranquillité, de guérison, de consolation est grand et nous ne savons que demander. Que cherchez-vous ? Face à nos multiples besoins au point nous n’arrivons pas à discerner les priorités, le risque est grand de demander ce qui frappe à l’œil à l’instant ;  ou bien ce qui nous vient à l4esprit et laisser l’essentiel. Et justement ce qui arrive à beaucoup de personnes dans l’Église. Beaucoup sont là pour des besoins d’ordres matériels, émotionnels, sentimentaux, d’estime sociale, de positionnement ou même de santé physique et ils concentrent toute leur prière sur cette question laissant de côté l’essentiel. Jean, nous montre ce matin, à nous qui venons à la suite de Jésus pour devenir ses disciples, que la question de Jésus soulève une autre question, celle que nous devrons nous poser. Où demeure Jésus ? Où habite-t-il afin que nous aussi demeurions ?

 Comme les premiers disciples qui demandent à Jésus sa demeure, notre aspiration profonde doit être de demeurer avec lui, ce qui dépasse et surpasse tous nos problèmes et toutes nos attentes. En demeurant avec Jésus la paix, la sécurité, la protection, la santé, les vrais et bons amis, la confiance, la liberté, la démocratie sont garantis. Mais où Jésus demeure-t-il donc ? Jésus vous dit venez et vous verrez ! Venez et vous verrez implique un mouvement, un déplacement, un engagement à marcher à la suite de Christ et suppose la confiance et l’espérance. Car si l’acte de se mettre en mouvement est prompt et présent, voir est une promesse et implique une expérience continue dans un avenir proche et lointain. Or, venir à Christ consiste à effectuer un déplacement, ce déplacement doit produire un changement, une transformation de notre être, de notre destinée et de notre conduite. Comme pierre, venir à la suite de Jésus change le sens que nous donnons à notre vie, change le fondement sur lequel est bâtie notre vie. Notre vie n’a plus de fondement notre filiation humaine, familiale, tribale, mais, Jésus qui est le roc. Nul ne peut prétendre être disciple de Jésus si ce changement ne se produit pas dans sa vie. L’escroquerie, la tromperie, le mensonge, le vol, les détournements, la débauche, l’adultère, la fornication qui sont notre héritage charnel doivent devenir l’honnêteté, la justice, l’amour sincère et saint, la paix, le respect de biens d’autrui et publics, la vérité…. Venez et vous verrez, veut dire qu’en nous engageant par la foi à la suite du Christ nous verrons les signes du royaume s’accomplir dans notre vie. Jean dans cet évangile nous présente quelques signes dont l’eau transformée en vin pour dire que Jésus est la source véritable de la joie et de la réjouissance dans la vie de ceux qui l’invitent, car lui seul peut opérer un véritable changement. En guérissant l’aveugle-né et le paralytique, Jésus nous montre qu’il est la source de la véritable guérison et lui seul est capable de nous libérer de l’obscurantisme et des paralysies divers dont nous souffrons.

Mais où demeure donc Jésus, me demanderiez-vous afin que nous y demeurions aussi pour que ces promesses et ces grâces s’accomplissent aussi dans notre vie. Une lecture panoramique de l’Évangile selon Jean nous conduit à découvrir que Jésus demeure dans le père et le père en lui. Ceci veut dire que c’est dans l’intimité de sa relation avec Dieu que Jésus demeure. Et cela est rendu possible par le Saint-Esprit qui les unit et sa vie de soumission libre à la volonté du Père. Demeurer avec Christ consiste donc à établir une relation intime et sérieuse avec le Christ. Cette relation doit se traduire dans notre vie par l’écoute et l’obéissance à sa parole, l’amour véritable de Dieu et sans intérêt à travers l’amour du prochain. Demeurer avec Christ dépasse la fréquentation des temples et des Églises, demeurer avec Christ est au-delà d’un service rendu à l’Église comme nous le démontre le texte de Samuel. Dans ce texte il apparait clairement que malgré le fait que Samuel soit au service de l’Éternel il ne le connaissait pas. C’est en se mettant à l’écoute de la Parole de l’Éternel qu’une communion particulière est établie entre Samuel et Dieu. L’apôtre Paul nous dit par ailleurs que celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit. Parce que nous sommes un seul esprit avec Dieu, nous devrons œuvrer pour l’épanouissement de notre société en agissant pour et en faveur de la paix, en promouvant le dialogue avec ceux qui n’ont pas les mêmes convictions religieuses que nous et surtout en nous éloignant de toutes souillures et appliquer notre vie à la sanctification. Il s’agit de fuir l’immoralité sexuelle, la gabegie, les coups bas et les peaux de banane qu’on jette aux autres. Sachez-le bien-aimés que notre corps et le temple du Saint-Esprit et que nous ne nous appartenions pas. Et le terme de la foi c’est de nous établir dans la plénitude de la communion avec Dieu, ainsi que l’exprime Jésus dans sa prière en ces termes : " Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée ". Que cette prière soit exaucée dans ma vie, dans ta vie et dans notre vie aujourd’hui. Amen !

Par GUIDEME Gabriel, Pasteur Proposant

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