SEIGNEUR AIE PITIE DE MOI!

La guérison de l'aveugle Bartimée

Bafoussam-Plateau

Prédication du Dimanche 25 octobre 2015 (Dimanche de réformation)

Texte : Marc 10 : 46-52

Bien aimés en Jésus-Christ, c’est une excellente faveur que nous avons reçue de Dieu en ce jour spécial où les protestants du monde entier célèbrent la Réformation. Libéré de la peur, de l’angoisse et de l’inquiétude de rencontrer un Dieu justicier par cette parole de l’Écriture qui atteste que : « le juste vivra par la foi », Martin Luther, moine augustin et docteur en théologie, s’engage à son tour à libérer les autres personnes engluées dans l’oppression de la hiérarchie ecclésiale, les doctrines, pratiques et les traditions humaines et surtout la vente des indulgences. Il affiche sur la porte de la chapelle de Wittengbert ses quatre-vingt-quinze thèses pour dénoncer ce qui avilit l’homme et défigure Dieu et invite l’Église à une réforme profonde par le retour à la Parole. Le salut par la foi non par les ouvres à redonner vie à Luther et redonne encore vie à tous ceux et celles qui ont reçu Jésus comme Seigneur et sauveur personnel. La foi, ce mot polysémique, mais riche de signification est une nouvelle vision de la vie, un œil spirituel qui voit dans l’Homme de Nazareth Dieu et déplace les montagnes de nos vies. Elle fait habiter Dieu en nous et nous élève à la gloire de Dieu.   

         Bien-aimés, le Christ nous propose ce jour, au terme des enseignements sur les conditions à remplir pour être son disciple, avec Bartimée, le pauvre aveugle assis au bord du chemin, « une nouvelle vision de la vie ». Oui bien-aimés, une nouvelle vision de la vie qui s’oppose à la vision matérialiste, exclusiviste, tribaliste, capitaliste, fataliste de la vie qui obscurcit à nos regards les grâces, les merveilles et les bontés du Seigneur. Dans nos perceptions de la vie, la valeur d’un homme dépend de ce qu’il possède, d’où il vient, de ce qu’il fait comme travail ou œuvre. Les épreuves sont des fatalités qui nous tombent dessus et Dieu l’auteur de notre misère, de notre malheur et de nos souffrances. Dans nos sociétés et institutions, c’est la raison du plus fort qui est la meilleure, le sauve qui peu, et le tant pis pour les canards boiteux. Dans les familles, les milieux sociaux et malheureusement même à l’Église les hommes et les femmes sont classés par catégorie : les riches avec les riches, les pauvres entre eux, les vieillards avec les vieillards, les tels avec les tels, etc. Du coup, lorsqu’on ne répond pas aux critères humain, égoïste et discriminatoire fixés par le groupe, on est exclu, considéré comme un moins que rien. Seigneur aie pitié de nous !

         Aie pitié de nous Fils de David, devrons-nous crier comme cet aveugle mis au ban de la société. Cet aveugle incapable de se mettre sur le chemin pour vivre, se déplacer, découvrir, se développer, mais cloué au sol et au bord du chemin. Heureusement à cette époque et dans son contexte il pouvait rester au bord du chemin sans que la poussière n’augmente son aveuglement et sans qu’il ne soit éclaboussé par les automobilistes. Je ne crois pas que ce sera possible sur le chemin qui conduit à notre station !

Seigneur aie pitié de nous !  C’est le cri de tout homme qui se reconnait pécheur et pauvre pécheur, parce qu’aux yeux de Dieu nous ne sommes que des misérables en quête de la miséricorde et du pardon. Aie pitié de moi Seigneur, c’est fut la prière qui ouvrit les yeux de Martin Luther et lui permit de découvrir la parole libératrice et restauratrice qui marqua le point de départ de la réforme. Tous, nous sommes comme cet aveugle assis comme un tas d’ordures, une masse immobile et inerte au bord du chemin, c’est-à-dire de la sainteté qu’est le Christ et devrons mendier la miséricorde de Dieu pour notre restauration et notre salut. Seuls ceux qui reconnaissent la grandeur de leur misère peuvent reconnaître l’immensité et l’abondance de la grâce divine. Que chacun dise : « Seigneur aie pitié de moi pauvre et misérable pécheur ! » 

Seigneur aie pitié de moi, n’est pas seulement un cri d’appel à la miséricorde de Dieu pour le pardon de nos péchés, mais aussi comme cet aveugle en détresse, dépendant de la pitié des hommes, sans le savoir et sans le vouloir parfois, nous sommes en détresse et avons besoin du secours du Christ, le Fils de David.

Seigneur aie pitié de moi, ma famille est déchirée, mes enfants ne s’entendent pas entre eux. Mon foyer est en ruine, l’enfant tarde à venir. Ma vie de couple est un enfer mon mari ne me respecte plus, il a des maitresses. Nous ne voulons pas divorcer, car les enfants ont besoin de nous. Il semble que nous sommes condamnés à nous endurer, à nous chamailler, à mettre de plus en plus de distances entre nous, à mourir dans une solitude à deux.. Ma femme monte les enfants contre moi et n’a plus d’égard pour moi parce que je suis pauvre, malade ou vieux. Je ne vois aucune solution possible Je suis aussi pauvre comme l’aveugle Bartimée.

Seigneur aie pitié de moi. J’ai fait plusieurs concours sans succès et je suis en train de dépasser l’âge limite d’entrée à la fonction publique. Je n’arrive pas à retenir mes leçons mes cadets sont en classe supérieure. J’ai changé plusieurs établissements, mais j’échoue toujours.  Je n’arrive pas à me concentrer pour étudier. Je veux fréquenter, mais personne dans ma famille ne veut me soutenir. Je ne sais où aller ! Je suis aussi pauvre comme l’aveugle de l’évangile.

Seigneur aie pitié de moi. Mon travail, mon marché, mon champ ne produit pas suffisamment pour ma subsistance. Je n’avance pas dans ce que je fais. Mon matricule tarde à sortir. Je n’ai pas encore de salaire alors que je travaille comme un bulldozer. Je ne sais à qui me confier. Je suis aussi pauvre comme l’aveugle Bartimée.

Seigneur aie pitié de moi. Je suis un élu du peuple, mais malgré tout ce que je fais, les gens ne sont pas reconnaissants. Je n’ai pas d’amis sincères, ceux qui me côtoient ne veulent que mon argent et mes biens.  Je suis riche, mais je ne peux aider personne de ma famille, parce que la loge dans laquelle je suis m’interdit de le faire. Je ne sais comment m’en sortir.  Je suis pauvre comme l’aveugle Bartimée.

«Seigneur aie pitié de moi» : Je suis complètement dépendant de la drogue, je suis alcoolique, je suis tabagique, je me meurs de cancer, je vieillis très mal, ma maigre pension ne me permet jamais d’arriver à la fin du mois, je suis plein d’angoisse et de haine, je ne sais pas pardonner. Je suis pauvre comme cet aveugle le long du chemin.

Seigneur aie pitié de moi. Je veux me marier, l’âge avance et tous les hommes que je rencontre ne veulent que mon sexe. J’ai l’obsession du sexe et quand je décide d’arrêter, c’est là où je m’enfonce de plus en plus. Je n’arrive pas à dire la vérité, même pour rien. Je suis tenté de voler, même si je n’ai aucun besoin, je nourris le désir me suicider. Je ne sais comment retrouver la paix intérieure ! Je suis pauvre comme cet aveugle assis au bord du chemin.

Seigneur aie pitié de moi. Je suis engagé à l’Église, mais je n’arrive pas à lire la Bible et la méditer. Je n’arrive pas prier. Je viens à l’Église comme à une réunion du quartier. Pendant le sermon je critique le prédicateur, le sommeil m’envahit, je trouve toujours de sujet de discussion avec mon voisin de banc. Je suis pauvre comme l’aveugle Bartimée.

Bien aimés, la bonne nouvelle pour nous ce jour c’est que quel que soit la situation que vous traversez, quel que soit le problème que vous avez, même si personne ne vous écoute, même si personne ne peut vous aider, si vous accueillez le Christ par la foi, il s’arrêtera dans votre vie, qu’importe le bruit qu’il y a autour, même si votre entourage vous empêche de s’approcher de lui. Comme à cet aveugle, le Seigneur te demande : « que veux-tu que je fasse pour toi ? » Cette même question a été posée à Jean et Jacques. Ils ont demandé la gloire, les privilèges humains, le trône (v 36). Jésus leur répondit qu’ils ne savent pas ce qu’ils demandent. Aujourd’hui encore beaucoup de chrétiens ne savent pas demander, ils ne connaissent pas leur besoin fondamental et ils ne sont pas exaucés. Certes, le texte ne nous dit pas combien de temps l’aveugle a mis à attendre Jésus. Et cela peut avoir duré. Nous savons une chose, l’aveugle sait qu’il est mendiant parce qu’il ne voit pas, il  ne perçoit pas les opportunités ou bien il est exclu par un système  capitaliste, le favoritisme et les lobbies et il demande à Jésus qu’il veut voir. La vue et le langage sont les éléments essentiels d’intégration et de communication. Nous aussi nous avons besoin de voir, de voir par la foi. Voir les grâces et les faveurs de Dieu. Voir la solution à nos problèmes. Voir la bonté et la puissance de Dieu. Voir la vie comme Dieu la voit.

Grâce au Christ par la foi, nous pouvons retrouver la vue, découvrir le sens de la vie, du travail, de la famille, des responsabilités civiques, de la maladie, de l’épreuve et de la mort. C’est par la foi seule que le juste vivra. C’est par la foi seule que nous sommes guéris et sauvé. Jésus dit à Bartimée ta foi t’a sauvé. Je vous invite à examiner six caractéristiques de la foi à partir de la foi de Bartimée.

Croire sans voir. Bartimée est aveugle, mais il crut en Jésus sur la base du témoignage des autres, de ce qu’il a entendu. Il n’a vu aucun miracle, aucune scène de délivrance et de guérison, mais il a cru aux témoignages des autres. Nous aussi nous n’avons pas vu Jésus, mais nous avons la Bible qui rend témoignage à son sujet et qui nous ce qu’il est et ce qu’il peut faire. Nous devrons croire.

Reconnaître ses besoins. Bartimée reconnait ses besoins et il l’exprime à haute voix sans cachette, sans honte. Il ne cherche pas d’intermédiaire. Il a crié à Jésus. Que faisons-nous de nos besoins ? Nous les étouffons, nous avons honte d’en parler à Christ, nous ne croyons pas à notre prière et nous nous éloignons de Christ en cherchant par d’autres voies la solution. Avoir la foi en Christ, c’est avoir confiance en lui et lui présenter nos besoins.

La persévérance. Bartimée a persévéré, il ne s’est pas laissé intimidé par qui que ce soit et par quoi que ce soit. Il ne s’est pas laissé au découragement devant une foule qui lui était défavorable. Il insista en criant de plus en plus à mesure qu’on l’empêchait de crier. Quant à nous nous jetons l’éponge dès qu’une petite difficulté survient, dès que quelqu’un nous décourage. Mon mari m’a énervé. C’est ma femme qui m’empêche de faire ceci ou cela. C’est le travail. La foi, c’est la persévérance, c’est ramer à contre-courant.

L’empressement. Au v. 50  nous lisons : «L’aveugle jeta son manteau, et se leva d’un bond, vint vers Jésus » Bartimée s’est débarrassé de tout ce qui peut entraver sa marche (le manteau, sa fortune,) et se précipita vers Jésus. La foi s’exprime toujours par une certaine extravagance de conduite, par un empressement à la suite de Christ. Le chrétien ne fait pas toujours comme les autres, il n’hésite pas à servir Christ et ne perd pas de temps lorsque le service du Seigneur l’interpelle.

L’audace. Bartimée eu l’audace de réclamer l’impossible. Il ne demande pas à Christ la nourriture, l’argent que n’importe qui peut lui donner, mais le recouvrement de la vue que personne ne peut faire. La foi est audacieuse, elle sait tout est possible à Dieu et rien ne lui est impossible. Vous avez le cancer, le SIDA, la médecine vous a déclaré stérile ou inféconde, demandez à Christ, ne vous résignez pas.

La gratitude. Lorsqu’il obtint la guérison l’aveugle se mit en chemin à la suite de Jésus et dans Luc on ajoute, il glorifia Dieu (Luc 18 :43). Une foi véritable honore le Seigneur. Chaque jour, le chrétien devrait entretenir cette question dans son cœur: « Quelle action puis-je faire pour glorifier le Seigneur et célébrer le salut qu'il m'a accordé? »

Bien-aimés en Jésus, en ce culte de réformation où comme protestant nous affirmons que le juste vit par la foi et que par la foi seule nous nous sommes guéris de tous nos maux, il important de reconnaître notre misère, notre pauvreté, mais aussi d’examiner si notre foi répond aux caractéristiques que nous venons de voir chez Bartimée. La bonne nouvelle, c’est que la où Jésus passe la guérison suit. La où Jésus passe la restauration suit. La où Jésus passe l’impossible devient possible. Saisons le par la foi, il va éclairer notre vie et il nous donner la joie de vivre.

Amen!

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