La Souffrance, un pédagogue

Pourquoi tant de souffrance dans le monde?

Introduction

Souffrir renvoie à subir le désavantage ou les conséquences d’une chose. La souffrance renvoie aussi à une douleur morale ou une peine extrême. Associer la souffrance comme peine, douleur et angoisse à une pédagogie, c’est-à-dire une démarche conduisant à faire acquérir à une personne un enseignement ou un savoir, est pour les esprits critiques et purement humanistes aberrant, absurdes voire fataliste. Cependant, faut-il rejeter en bloc toute interprétation de la souffrance comme une méthode d’enseignement ? Il est très difficile de trancher sur ce sujet de manière univoque quand on sait que l’intelligence humaine est si petite pour comprendre les mystères divins (ref. mes pensées ne sont pas les vôtres..). Or, le Dieu que nous servons et en qui nous croyons est amour et riche en bonté. Ce  Dieu se réjouirait-il donc de nous voir souffrir ou nous ferait-il subir des souffrances pour nous corriger et nous amener à apprendre mieux à le servir ? La Bible nous révèle que le châtiment est une preuve d’amour de Dieu (Référence). Dans ce labyrinthe d’interrogation et de réponses extrêmement essentielles, mais aussi bouleversantes, nous nous proposons d’examiner dans cette leçon dans un premier temps la position du problème et dans un second temps ce que la souffrance nous enseigne. L’objectif de cette réflexion est d’essayer de comprendre la souffrance et non de faire un inventaire des questions que soulève la souffrance. Dans cette perspective, nous nous contenterons d’amener chaque lecteur à saisir dans la souffrance les éléments pédagogiques auxquels Dieu les amène à saisir. Il faut le noter d’entrée de jeu que nous ne soutenons aucunement l’idée d’un Dieu auteur et acteur des souffrances humaines et de l’humanité.

  1. La souffrance un destin, un châtiment ou une fatalité ?

            Pourquoi Dieu permet-il la souffrance ? Pourquoi tant d’hommes, de femmes et d’enfants meurent-ils dans le monde de faim, de maladies, de misère, de pauvreté causés parfois par les guerres, les catastrophes naturelles ? Pourquoi un enfant peut-il naître avec des malformations dont il souffre toute sa vie ? Pourquoi l’humanité subit-elle sans cesse le cycle de souffrance ? Pourquoi ? La souffrance est l’un des sujets les plus complexes pour l’intelligence humaine. Philosophes, psychologues, anthropologues, théologiens ont chacun en ce qui le concerne essayé d’apporter des réponses à la question de la souffrance. Nous examinerons ici quelques positions théologiques. David C. Pack, dans l’article « Pourquoi Dieu permet-il la souffrance » publié en ligne montre que la souffrance fait partie du destin de l’homme ; elle est étroitement liée à l’existence humaine. Comment un Dieu amour et miséricordieux peut-il créer l’homme pour souffrir ? Pour lui Dieu a fait le bonheur et le malheur comme le relève Ecclésiaste 7 : 14 : « Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis: Dieu a fait l’un comme l’autre, afin que l’homme ne découvre en rien ce qui sera après lui.» Cette position peut être acceptée dans le sens d’une volonté permissible de Dieu et non pour soutenir l’idée selon laquelle Dieu serait directement l’auteur de nos souffrances. Concevoir la souffrance comme telle conduirait au fatalisme et dont à l’athéisme, à l’agnosticisme, c’est-à-dire au reniement de Dieu. En effet le fatalisme renvoie à une sorte de résignation, de passivité face aux événements et sous-tend que la souffrance est inévitable. L’homme n’a pas de choix, il va souffrir, il doit souffrir ! Or, cette idée s’oppose au concept de liberté et d’amour dont Dieu nous fait preuve et ferait de Dieu le responsable du mal et du péché. Le chrétien n’a pas pour destin la souffrance, il peut l’éviter (cas des souffrances dues à notre conduite) et il aborde avec confiance celles qui ne dépendent pas de lui parce qu’il sait que la souffrance n’annule pas l’amour et la bonté de Dieu pour lui. (Romains 8 : 38-39). Si donc la souffrance n’est pas le destin de l’homme ou une fatalité qui lui tombe dessus sans qu’il ne puisse rien faire, alors la souffrance serait-elle un châtiment de Dieu pour punir les hommes de leurs iniquités ? Ici encore, on ne peut apporter une réponse unilatérale, car toutes les souffrances ne sont pas des châtiments. Certes, la Bible nous révèle que Dieu nous châtie par amour (Hébreux 12 : 6 et7)  afin de nous amener sur le chemin du salut, il apparait dans certain textes que le chrétien doit se réjouir de ses souffrances parce que c’est en quelque sorte sa participation aux souffrances de Christ. Christ n’ayant pas connu de péché, a porté sur lui nos souffrances afin de nous sauver de la souffrance que produirait le péché. Ainsi, les apôtres Jacques, Pierre et Paul ainsi que d’autres auteurs bibliques relèvent une dimension pédagogique de la souffrance. (Jacques 1 : 2-4 ; 1 Pierre 4 : 12-13 ; 2 Corinthiens 1 : 7-11). Qu’elle soit un châtiment ou une injustice, la souffrance nous enseigne quelque chose. C’est ce qui va faire l’objet du paragraphe suivant.

  1. Ce que la souffrance nous enseigne

               D’entrée de jeu nous voulons souligner avec emphase que la souffrance est l’une des conséquences du péché originelle et n’entre pas dans le dessein originel de l’homme. Aussi bien comme un châtiment ou le fait de la méchanceté des hommes ou les conséquences du péché originel, la souffrance nous enseigne quelque chose toujours. Nous allons, sans être exhaustif, énumérer quelques uns des enseignements que nous recevons de la souffrance. Dans un article publié dans le site de  Top Chrétien, Jean-Claude Guillaume[1] on note que la souffrance nous permet:

  1.   D’enrichir notre vie spirituelle. Certains caractères telles que l’obéissance, la patience ne peuvent valablement se développer en nous qu’au travers des épreuves. Jésus le Fils de Dieu nous en donne un exemple patent. En Hébreux 5 : 8 nous lisons : «  [Jésus] a appris, bien qu’il fut Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes. »
  2. Avoir une certaine grandeur de l’âme. C’est le cas de Joseph qui a qui a pardonné à ses frères qui l’ont vendu en considérant qu’ils n’ont participé qu’à accomplir le plan de Dieu. (Genèse 45 : 4-8) Sans être passé au creuset de la souffrance on ne peut avoir une telle grandeur de l’âme.
  3. David C. Pack ajoute que les souffrances nous permettent de retrouver l’harmonie avec les instructions divines et le vrai but de notre vie. Psaumes 119 : 71. Par ailleurs, la souffrance ne sera pas l’état permanent du croyant car l’Eternel délivrera toujours le juste du malheur. (Psaumes 34 : 19-20)
  4. Avec l’Histoire de Job nous apprenons que la souffrance nous permet de réaliser que Dieu travaille directement dans notre vie. Job était juste et intègre et donc sur le plan spirituel il n’avait pas grand-chose à apprendre. Cependant sa souffrance lui a donné de réaliser que Satan ne peut rien faire au-delà des limites fixées par Dieu et que ce qu’il a et ce qu’il est, un don de Dieu.                      
  5. Pour le philosophe Spinoza la souffrance est nécessaire à la création de soi, c’est-à-dire à l’affirmation de notre être en tant qu’être. La souffrance nous fait découvrir notre humanité. L’écharde de Paul lui a permis de prendre conscience de sa faiblesse et du besoin de la grâce divine.[2]

Conclusion     

                         La souffrance est l’un de grands défis de l’existence humaine et relève de l’aporie à laquelle conduit l’existence du mal dans un monde créé par un Dieu Tout-puissant et amour. Nous avons noté que Dieu n’est pas l’auteur de nos souffrances, mais il peut le permettre pour nous enseigner quelque chose nous amener à développer les caractères qui sont les siens. La Bonne nouvelle pour nous est que Christ s’est chargé à la croix de toutes nos souffrances et Dieu nous promet qu’il nous délivrera toujours de nos malheurs.   

A retenir

«  Chaque souffrance est une leçon à saisir qu’elle soit un châtiment et l’œuvre du Tentateur »

Par GUIDEME Gabriel, Pasteur proposant

 

[1] Guillaume, Jean-Claude. (2015). Pourquoi la souffrance chez les chrétiens ? Top Chrétien. [En ligne]

[2] Eric Delassus. Souffrance et jouissance dans la philosophie de Spinoza. Souffrance, jouissance

guérison, Dec 2011, Paris, France. <hal-00701250>.

Ajouter un commentaire

Anti-spam