Prédication au consistoire de septembre à Bafoussam

Produire et préserver pour la gloire de Dieu

PRÉDICATION

Texte : Genèse 2.15-17

Bien-aimés en Jésus-Christ, révérend Président de Région, révérend Président de District, révérends pasteurs, chers consistoriens, c’est un honneur pour moi d’être associé à la conduite du culte d’ouverture de ce consistoire.

            C’est une tâche délicate et difficile de prendre la parole devant un auditoire d’une grande facture comme celui-ci et surtout de porter un message à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle année ecclésiastique. Mon embarras est d’autant plus grand, lorsque c’est au plus petit qu’il est demandé de trouver les mots justes pour édifier des bibliothèques vivantes que j’ai en face de moi. Toutefois, le Seigneur m’a rassuré qu’il a bien voulu que je porte sa parole et c’est dans la ferme assurance que c’est lui qui parlera à travers moi que ‘ai eu le courage de m’adresser à vous en ce moment.

Le contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui est fortement miné par des crises multiformes : crise économique, crise sécuritaire, crise politique, crise religieuse, que sais-je encore. On ne sait sur quel pied se tenir et à quel saint se vouer. L’Église qui devrait être la vitrine et le miroir sur lequel le monde doit s’examiner est en train de prendre un virage catastrophique. Le développement apparent des infrastructures, disons la course à la construction des temples historiques cachent des graves démolitions morales, éthiques et même doctrinales qui sont orchestrées par des serviteurs de Dieu que nous sommes (Anciens et pasteurs, les évangélistes ne sont pas des restes). Nous ouvriers et anciens sommes versés dans le laxisme, la mêmeté, la monotonie, le nous avons toujours fait ainsi et marquons le pas sur place donnant libre champ à ceux qui travaillent et occupent même les carrefours de nos viles pour annoncer l’évangile. Les innovations qui corroborent avec la vitesse à laquelle va notre monde aujourd’hui sont combattues, généralement parce qu’elles mettent en mal les intérêts égoïstes et égocentriques de quelques agents du malin qui se disent défendre l’orthodoxie.

            Aujourd’hui en ce début de l’année ecclésiastique, il est important que nous marquions un temps d’arrêt de réflexion et d’introspection pour examiner notre marche en tant qu’Église et chrétien. Dans cette dynamique, nous sommes interpellés à revoir dès les origines la volonté première de Dieu pour l’humanité. Le texte que nous avons lu pour cette circonstance nous informe que Dieu a établi l’homme dans le jardin qu’il a planté et l’ordonna de le cultiver et de le garder. Cette recommandation divine est le nôtre aujourd’hui; nous qui sommes dans son jardin, l’Église et le monde. Notre responsabilité est de cultiver et de garder ce jardin. Dans le proche Orient, le jardin est d’une très grande importance et il n’est pas donné à tout le monde de le posséder. C’est généralement les rois et les riches qui peuvent s’offrir le luxe de le posséder. Plusieurs y travaillent. Les uns y cultivent, d’autres le gardent et certains veillent à la récolte des fruits qui y sont produits. Si nous convenons tous que Dieu a tant aimé le monde et que l’Église est l’épouse du Christ, ce ne serait pas une torsion au texte de comprendre analogiquement le jardin primitif comme le monde et l’Église. Dans ce cas, l’homme qui est placé dans le jardin a une responsabilité à jouer dans ce microcosme. Le terme placer ou établir renvoie à poser quelque chose ou le fixer sur un support stable. Cela dit, ce qui est posé peut être susceptible de déplacement, mais jamais le fondement sur lequel il est placé. Par analogie, à quelque endroit où nous nous trouvons dans l’Église ou dans le monde sachons que nous pouvons partir. Or, si nous devons partir, que faut-il faire puisque le fondement reste stable ?

Notre texte nous demande de cultiver le jardin dans lequel nous sommes établis. Cultiver renvoie, au travail. Or, le travail est une activité physique ou mentale appliquée à la production ou à la création de quelque chose. Donc, en demandant à l’homme de cultiver le jardin, Dieu voudrait que l’homme poursuive l’œuvre de la création. Pour nous chrétiens, le travail n’est pas un tripanium, instrument de torture, mais est avant tout l’activité de création et de l’élection de l’homme. L’image et la ressemblance de Dieu en l’homme apparaissent dans le travail qu’il lui a confié. Et dans ce sens, le travail que l’homme doit effectuer doit entrer dans l’ordre de la rationalité de Dieu. Or, en demandant à l’homme de cultiver le jardin avant la chute, le travail constitue pour lui une source de bénédiction et d’épanouissement. Pour ce faire quelle que soit la tâche que nous avons à accomplir dans le monde et dans l’Église en particulier, nous devrons le prendre au sérieux, sans nous sous-estimer ou sous-estimer les autres. Retenez bien ceci : ce n’est pas le type de travail qui confère à l’homme sa dignité et sa valeur, mais c’est l’être qui accomplit le travail qui donne au travail sa valeur. Il n’est pas question de crier à tout bout de chemin que je suis ceci, je suis cela, c’est moi le chef, je suis le plus important et pour bien se faire voir on érige des trônes pharaoniques, suivez mon regard. Le chef n’est chef que par sa personne, son être et sa conduite qui est en conformité avec la rationalité divine et non par sa capacité à oppresser, brimer et subjuguer ses subalternes. De même, le subalterne ne gardera sa dignité que s’il accomplit dans la crainte de Dieu et librement sa tâche. Il ne doit pas le faire pour plaire à son chef, mais au Seigneur. Et Marti Luther King de dire : “sois le meilleur qui que tu sois”. Chacun doit se savoir investi à son poste par Dieu. C’est seulement par unetelle conception du travail que cultiver prendra son sens de culte, d’adoration et de prière et qu’il contribuera à la construction d’un monde où règnent en permanence l’amour, la paix, la justice et l’ordre selon Dieu.

 Le travail se définit toujours selon les catégories du temps. Dans ce sens, l’activité, la tâche que nous avons à accomplir s’inscrivent dans une durée, d’où la nécessité de bien gérer le temps. Notre véritablement maladie est ici. Nous aimons le retard, le report et cela conduit au remords. Si Dieu a travaillé dans le temps et a eu aussi un temps de repos, il ne demande pas à l’homme de faire le contraire. C’est sur cette base qu’est institué le sabbat. Le repos de Dieu ne vient pas à la suite d’un épuisement, mais s’inscrit dans la contemplation de l’œuvre accomplie. Que faisons-nous de notre repos bien aimé ? N’occupons-nous nos moments de repos par des distractions impudiques et malsaines ? Ne nous reposons-nous pas plus que nous ne travaillons ? En effet, le repos selon Dieu est le travail dans le Seigneur, c’est la raison pour laquelle Jésus guérit le jour de Sabbat.

Dans sa dimension objective, le travail est une source de richesse. Ici, nous devrons faire usage de notre raison et de notre intelligence pour transformer la nature et créer les richesses et ceci pour la gloire de Dieu. Malheureusement, nos projets de développement sont souvent orientés vers des intérêts égoïstes. C’est la raison pour laquelle des querelles vives et des divisions se créent presque toujours dans nos projets. Pourtant, dans la perspective du travail que Dieu a confié à l’homme, le travail que nous devrons effectuer doit se faire en conformité avec les règles éthiques et sociales établies. Cependant, même dans les sociétés capitalistes le bien-être de tous et le développement global sont recherchés. Les États-Unis sont la la première puissance économique et militaire au monde parce qu’ils ont se mettre en œuvre l’intérêt de la nation au détriment de l’intérêt des individus et ont su préserver et gérer leurs riches. Malheureusement, ici chez nous et dans l’Église beaucoup démolissent, vident les caisses, intoxiquent lorsqu’ils sentent qu’ils vont partir ou qu’ils sont exclus de la gestion des projets lucratifs. Heureusement, il n’y a peut-être pas de tel cas dans notre District ! Dieu demande à l’homme non seulement de cultiver donc produire, mais aussi, et surtout de garder.

Dans la Bible garder en hébreu comme en grec, renvoie à protéger ou à garder des personnes ou des choses, souvent contre un danger. C’est une lourde responsabilité. C’est notre responsabilité à nous anciens, évangélistes, pasteurs proposant et pasteurs de protéger non seulement les biens matériels et financiers de l’Église, mais aussi les personnes contre l’ennemi qu’est le gaspillage, les détournements, la rétrogradation, les sectes pernicieuses, que sais-je encore. Cette forte recommandation de cultiver et de garder est suivie du commandement de ne pas manger un des fruits de l’arbre qui est au milieu du jardin. Cet arbre aujourd’hui, ce sont les chrétiens ou chrétiennes que nous ouvriers ou anciens prenons pour commettre des actes ignobles, c’est l’argent destiné à l’œuvre de Dieu que nous privatisons, ce sont les matériaux destinés à construire l’Église que nous prenons pour construire notre chalet. La sanction est sans appel. Le jour où tu en mangeras, tu mourras.

            Bien aimés, nous ne devrons pas tomber sous le coup de cette sentence parce que nous n’avons pas fait notre travail ou pour n’avoir par pris soin des hommes, des femmes, des enfants et des biens que Dieu a placés sous notre garde. Cela appelle notre disponibilité, notre sens de sacrifice, notre engagement, la recherche de la gloire de Dieu en toute chose et la gestion saine et parcimonieuse des biens de l’Église. L’Église a une très grande responsabilité dans les crises que connaît le monde aujourd’hui. La paix, l’unité et la stabilité qui sont devenues des slogans politiques doivent avoir leur véritable sens au sein de l’Église. Si nous travaillons tous pour la gloire de Dieu, si nous gérons biens les biens que Dieu nous a confiés au sein de l’Église comme dans la société, si nous traitons humainement ceux qui travaillent quelque soit leur occupation, si nous considérons notre tâche comme un acte d’adoration et de prière, nous serons à mesure d’impacter le monde. Si nous nous sommes dit tantôt que la sentence de la mort est sans appel, notons aussi que Jésus-Christ par sa mort et sa résurrection nous donne l’opportunité d’échapper à cette mort, si et seulement si, nous nous mettons à sa suite et continuons l’œuvre d’amour qu’il a manifesté envers l’humanité. À cet effet, il nous rassure que, “celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais” (Jn 11.25-26).

 Cette parole d’espérance nous réconforte et constitue une source d’énergie nécessaire pour accomplir notre mission ici-bas. Dans le contexte de crise sécuritaire et religieuse où la paix fait défaut, et au lendemain de la célébration de la journée internationale de la paix, nous sommes tous invités à cultiver la paix et l’amour pour produire de bonnes œuvres, à travailler pour le développement de l’Église et de notre société et à garder précieusement ce que le Seigneur nous a confié. À lui seul soit la l’honneur et la gloire pour l’éternité ! Amen !

                       Par : GUIDEME Gabriel

               Pasteur proposant, Paroisse de Bafoussam-Plateau

Commentaires

  • Sile Hubert

    1 Sile Hubert Le 03/11/2016

    Gloire soit rendue au Seigneur pour ce message fort touchant et interpelateur . Le contenu de ce message trouve un sens élevé, puisqu'il trouve son essence même dans le jardin mis à disposition par Dieu, pour un dessein de productivité, de jouissances et de partage. L ' Église au sens propre ou au sens figuré est ce jardin qui au coeur de Dieu est un puits de grâce où le chrétien trouve le fruit pour satisfaire sa faim, l ' eau pour étancher sa soif, un cadre où il trouve parmi des frères et soeurs, l ' amour que le monde lui refuse. Mais le témoignage que fait le monde aujourd'hui sur l ' Église est de plus déplorable. Les chrétiens montrent aujourd'huien retour au monde une image accablante, puisque c, est de l ' intérieur de celle -ci que la dépravation est si criarde et désolante. Parfois, face à certaines situations constatées à l ' intérieur, on a l ' impression que dehors est mieux que dedans. L ' orgueil, la recherche de pouvoir, les détournements de fonds, la combine, la fraude, les mauvaises compagnies, la prostitution, ....sont autant de maux qui minent le témoignage de l ' Église du Seigneur. L ' Église, patrimoine de tous les chrétiens, est désormais devenue un fonds de commerce, un marché où, pour avoir un comptoir, il faille se constituer de puissants appuis pour accéder au perchoir, Mais surtout ,au nombre des incuries, des mensonges, des fausses paroles, la jalousie, la sorcellerie même , font des bosquets initiatiques où on doit s, inscrire, pour ne pas être rejeté. Nous ne pouvons que nous exprimer par nos larmes et nos soupirs sur l ' état morose qui afflige et déshonore le Seigneur que nous voulons servir .Nous avons beaucoup de linge sale dans la maison, reconnaissons avec humilité et nous engager fermement à le porter au divin blanchisseur pour les nettoyer, car l ' heure du banquet approche. Briser les idoles de nos coeurs en signe d ' humiliation et d'affliction, nous avons bien besoin, car il vient l ' heure où le Seigneur volera au secours de son peuple.
  • herve dan

    2 herve dan Le 03/11/2016

    Message très touchant et interpelateur ..... le travail seule devrait être la risée de tous et le complément de vie de chaque être humain, et ceci pour la seule gloire de Jésus christ notre seigneur et sauveur.

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