Mourir à cause du péché ou par manque de bonnes œuvres,

Thème : Mourir par le péché ou par l’absence des œuvres

Texte d’appui : Luc 13, 1-9

En ce premier dimanche du temps de la passion qui coïncide avec le lancement du programme d’enseignement sur le thème Influencer dans la région de la Mifi, nous avons choisi de nous appesantir sur une dimension d’influence réflexive. Notre texte d’appui porte sur le massacre des galiléens par Pilate et la réaction des auditeurs de Jésus suivi de la parabole du figuier stérile. Nous avons intitulé le thème comme suit : « mourir par le péché ou par l’absence des œuvres ». le choix de ce thème s’explique par le fait que dans cette période d’enseignement et de prière on observe des dérives théologiques énormes qui font que plusieurs fidèles au lieu de se présenter eux-mêmes devant Dieu, examiner leur vie et améliorer leur intimité avec Dieu s’investissent à examiner la vie des autres, à condamner les autres comme étant les causes de leur malheur et de leur improductivité spirituelle et matérielle. Ainsi, au lieu d’être celui qui influence le monde pour le conduire à la lumière du Christ, ils se laissent influencer par le monde et ses principes.

Ce thème évoque une idée de sanction et de châtiment. Châtiment des fautes commises et châtiment pour cause d’improductivité. Notre monde strictement matérialiste, consumériste et de compétitivité nourrit une telle attitude. Les agents fautifs sont licenciés sans aucune grâce de même que ceux qui sont improductifs. L’accent est mis sur le rendement matériel, économique et financier et l’être humain n’est pas pris en compte. Autrement dit, le matériel est divinisé et l’humain est chosifié. Dans nos entreprises et sociétés on donne les « mis à pied » et on licencie ceux qui par une maladresse ont causé des pertes matérielles ou manqué de produire des bénéfices. Cependant, les victimes d’accident de travail sont prises en charge avec un laxisme on ne peut plus grave. L’Eglise, cadre d’accueil et du déploiement de l’amour de Dieu n’est pas en reste. Les chrétiens, je veux dire les fidèles ou les membres de l’Église sont classifiés en fonction de ce qu’ilsdonnent matériellement e financièrement ou de leur engagement apparent. On délaisse les pauvres et les rétrogrades, les malades et les vieillards. Pourtant, dans le texte qui sous-tend notre thématique, Jésus nous invite à changer notre regard, à avoir une autre logique, une autre attitude vis-à-vis des fautifs et des improductifs. NON dit Jésus à toute stigmatisation des gens pour ce qu’ils ont commis ou pour ce qui les arrivent. NON dit Jésus à ceux qui rejettent et excluent de la communauté les improductifs sans user de la patience. NON, je vous le dit si vous ne vous convertissez, vous périrez de même. Ce NON de Jésus aux attitudes et regards des hommes sur les autres est une invitation à notre oui à sa proposition : celle de nous convertir.  Se convertir c’est changer de direction et de mentalité. C’est un changement radical qui consiste à se tourner totalement vers une nouvelle direction. Il s’agit pour nous donc de se tourner de notre vaine manière de vivre pour se tourner vers la voie que Christ ouvre devant nous, la voie de l’amour, de la grâce, de la tolérance.

         Pour les contemporains de Jésus, comme beaucoup de nos contemporains le malheur n’atteint que le pécher ou ceux qui sont victimes du péché de leur parents. Nous pouvons comprendre pourquoi dans certaines communautés on passe tout le temps à rompre les liens de malédictions ancestrales, à détruire les fondements maléfiques dans les vies des fidèles comme si leurs échecs, leur déception et les différentes souffrances qu’ils subissent n’ont pour cause que les autres : les parents, les aïeux, la maison, les compagnons. Nous ne balayons pas du revers de la main ces réalités, mais ici dans notre texte Jésus invite ses interlocuteurs dont nous nous sommes aujourd’hui à regarder à leurs vies, à leur responsabilité et à changer d’attitude. Au lieu d’accuser les autres, regardons à nos vies. Sommes-nous  exemptes de péché ? Qu’avons-nous de particulier pour que nous soyons épargnés des catastrophes ? Jésus dit, si nous ne nous convertissons pas nous périront de même. A la problématique de notre sujet selon laquelle les gens meurent-ils à cause de leurs péchés ou de leur improductivité, Jésus répond par un NON. Le non de Jésus ne signifie pas que ce que cette conception des choses n’est pas une réalité. D’ailleurs les exemples sont légions dans l’Ancien Testament relevant le châtiment de Dieu sur les hommes pour leurs désobéissances. Le NON de Jésus est orienté sur nos doigts accusateurs et nos mentalités d’autojustifications pour nous réorienter vers nous-même par la prise de conscience de nos responsabilités sur les évènements et prévenir notre hérissement. NON, ce ne sont pas les autres le problème, c’est aussi nous. Ce qui arrive aux autres doit nous servir d’alerte et si nous ne sommes pas encore touchés c’est que Dieu use de sa patience envers nous afin que nous nous convertissions et que nous ne périssions pas. Les implications de cette conversion à laquelle Jésus nous invite sont de plusieurs ordres.

  • Arrêter d’accuser les autres pour regarder à soi et prendre conscience de son propre défaut contribuerait à réduire les catastrophes dans nos sociétés et dans le monde. Les théologies qui mettent l’accent sur le fait que la colonisation a altéré l’évangile en Afrique en faisant fî de la responsabilité des Africains dans le maintien de ces facteurs d’altérations ne nous aident pas. Aujourd’hui, nous devrons sortir du cap des plaintes pour franchir le pas de la responsabilité et de l’action. Qu’avons-nous fait des vestiges des colons ? Où sont les œuvres sociales qu’ils ont mis sur pied au prix des sacrifices. Nos œuvres et nos églises s’engouffrent non pour les mauvaises bases fondées par les missionnaires mais pour l’irresponsabilité de celles et ceux qui ont la charge de les pérenniser et de les réformer. Le fautif, ce n’est pas l’autre, c’est nous.
  • Arrêter d’accuser les autres c’est cesser d’annuler l’œuvre de rédemption accompli à la croix par Jésus en continuant à faire de nos parents et ancêtres des responsables de nos malheurs. C’est aussi cesser de faire du diable le tout-puissant et Jésus-Christ le suppliant. Ces attitudes entretiennent la paresse, l’inactivité et l’irresponsabilité chez plusieurs personnes. Ils disent qu’on m’a maudit, on m’a fait tel ou tel. Pourtant, ils se disent en même temps chrétien. Or, Christ a effacé à la croix l’acte dont la condamnation reposait sur nous et nous a affranchit à la croix de tout pouvoir de la mort. Les accidents de circulations, les incendies dans les marchés ont pour cause l’irresponsabilité des hommes dans la majeure partie, mais le fait de faire reposer la responsabilité sur les démons et les sorciers empêche ces hommes de changer et ces incidences se perpétuent.
  • Arrêter d’accuser les autres, c’est prendre conscience de la patience de Dieu et s’ouvrir à sa grâce. Si nous n’avons pas commis peut-être des fautes graves et nous pouvons être improductifs et passible de destruction aussi. Le fait de ne pas être touché est l’œuvre de la patience de Dieu qui nous donne encore une autre chance pour changer. L’improductivité peut se traduire en l’absence totale de fruit, ou en la production de fruit en très petite quantité. Saisissons plutôt la grâce de Dieu et changeons maintenant notre façon de regarder les autres pour ne pas être coupé faute de production.

Ajouter un commentaire

Anti-spam