LA VISION CHRETIENNE

Introduction
Le thème qui nous a été confié par la dynamique équipe des ANGES DE LA SCÈNE est d’une complexité à nulle pareille. On ne saurait pour se faire étayer amplement les contours de cette thématique dans l’espace horaire qui nous est réservé. Qu’à cela ne tienne, nous essayerons de vous apporter quelques éclairages sur cette notion. Nous vous permettrons de distinguer les vraies des fausses visons que vous recevez ou que quelqu’un vous dise avoir reçu. Nous vous permettrons aussi de savoir présenter et mettre en oeuvre votre vision, pardon, une vision reçue et, enfin nous nous appesantirions à vous montrer comment on peut pérenniser une vision.
La vision est un concept polysémique. Il renvoi à ce qui est perceptible par la vue, aux choses surnaturelles qui apparaissent à la vue ou à l’esprit. La vision peut être considérée aussi comme la philosophie ou la manière de concevoir quelque chose par quelqu’un. À cet effet, il convient de la distinguer de l’intuition, de l’hallucination, de l’inspiration, des rêves et songes et j’en passe. Les dictionnaires de la langue française définissent l’intuition comme étant la perception de la vérité sans l’aide du raisonnement. C’est aussi la faculté de prévoir ou de deviner. Elle diffère de la vision, telle que nous voulons l’entendre ici par l’origine de notre perception. Pour nous, la vision vient de Dieu ou du moins est à son service (ici vision désigne notre façon de comprendre et de voir les choses dont de juger). L’hallucination quant à elle est un trouble psychique dans lequel le sujet a la conviction de percevoir par les sens ce qui n’existe pas. C’est aussi une autre forme de vision. Dans ce cas, la vision amène le patient à délirer, à convulser. Cette vision a une connotation péjorative. Elle repose sur une perception sans l’aide des objets extérieurs. Le Petit Larousse définit l’inspiration comme une idée soudaine, une influence divine ou surnaturelle par laquelle l’homme aurait la révélation de ce qu’il doit croire, dire ou
faire. Elle s’apparente à la vision dans la mesure où elle peut avoir une origine divine ; elle s’applique à la révélation et conduit à l’action et à la foi. Mais, l’inspiration peut être le résultat d’une réflexion ; ce qui n’est pas le cas pour une vision. Dans le cadre de notre échange, nous allons considérer la vision à la fois comme ce qui est perçu par l’esprit dont révélé par Dieu ou reçu intuitivement et comme une philosophie de vie. Ainsi, on peut dire que j’ai reçu une vision ou ma vision du monde c’est ceci ou cela. La vision est perçue ici dans une dimension spirituelle et philosophique. Ces deux formes de visions ont en commun leur subjectivité. On ne peut par la raison ou les sens justifier de la véracité ou de l’authenticité d’une vision. C’est ici que réside la délicatesse de ce sujet. Ce que nous allons vous dire ici doit être éclairé par la raison de la foi dont le Saint-Esprit est le gage.
I. FONDEMENTS BIBLIQUES
Dans la Bible, la vision est conçue comme ce que Dieu montre de manière surnaturelle à l’esprit ou aux yeux du corps. La Bible ne distingue pas toujours entre visions et rêves, mais signale la grande différence entre les visions vaines (Job 20.8 ; Es. 29.7), et les visions des prophètes de l’Éternel. La Bible présente trois formes de vision : celle qui s’adresse aux sens par l’intermédiaire des objets extérieurs(le cas de Moïse qui aperçoit un buisson ardent) ; celle qui se présente uniquement à l’imagination sans l’intervention des sens (Es. 1.1-4) et la vision qui s’adresse parfois à l’intelligence : révélation (Dan. 9.20-27). Il peut arriver qu’une même personne expérimente à la fois ces trois formes de visions (Ac 10.9-20). Il faut aussi noter que la Bible montre que les visions ne sont pas réservés aux saints uniquement, mais des païens eurent aussi des visions (la vision des vaches grasses et maigres par le Pharaon : Gen 41.1-36 ; la vision de Balaam : Nb 24.4, 16 ; la vision de Nabuchodonosor : Dan 2.3-23). Celui qui reçoit la vision est convaincu que Dieu s’adresse à lui. La Bible met en
garde contre les fausses visions et indique à quoi l’on reconnaît l’inanité de ces manifestations (Jr 23.13-27 ; Es 8.19-20Dt 18.10-14). Les visions provenant de Dieu portent l’empreinte de son Esprit de sagesse, de pureté, de vérité, de justice. Leur contenu, moral a toujours un but didactique.
La Bible présente six éléments qui favorisent la vision :
 Elle est donnée en réponse à la PRIÈRE (2 Rois 6.17ss).
 Les AFFLICTIONS préparent à la vision (Job 42.5 ; Es 29.18).
 La PURETÉ DU COEUR est aussi essentielle à la vision (Mt 5.8).
 Seuls les CROYANTS possèdent la vision (Jn 14.19).
 Être attentif au SAINT-ESPRIT qui en est l’auteur (Jn 16.14 et 15)
 Il faut aussi utiliser le télescope de la FOI (Heb 11.27).
Nous voulons lever l’équivoque des visions des voyants et marabouts. Comment arrivent-ils à prédire des choses qui arrivent ou à comprendre et connaître ce qu’on pense souvent ? Je vous renvoie à la réflexion et cela fera l’objet du moment de partage.
Cette problématique peut avoir une réponse double :
- Ces voyants sont au service du diable qui a reçu de Dieu une très grande puissance et qui est entouré d’une multitude d’anges ou démons qui sont à son service. En consultant ce dernier, les devins et voyants peuvent avoir une connaissance de notre passé. Signalons que l’interprétation qu’ils font de notre vie et de notre destiné vise toujours à nous rendre dépendant de leur contrôle et protection.
- Ces personnes dotées d’une grande intelligence et d’une grande connaissance de l’homme, peuvent comme un médecin prévoir ce qui peut nous arriver au cas où nous ne faisons pas un certain nombre de
chose ou bien lorsque nous faisons ce qui peut les provoquer. Comme un médecin peut prédire la mort ou les complications qu’un patient peut avoir, eux aussi prédisent ce qui peut nous arriver. Comme un psychologue peut comprendre ce que nous pensons à travers notre mine, notre accoutrement, nos gestes, de même, ces devins peuvent comprendre nos pensées à travers ces signes extérieurs.
II. COMMENT RECONNAITRE QU’UNE VISION VIENT DE DIEU ET COMMENT LA METTRE EN OEUVRE ?
Ici, pour être bref, nous invoquons la vigilance, le discernement. Car ce que l’on dit avoir reçu de Dieu peut avoir des manifestations surnaturelles ou paraître moralement bon et ne pas provenir de Dieu. Il faut se poser les questions suivantes : qui met-elle en exergue ? Quel est le but de cette vision ? A qui s’adresse-t-elle ? Est-il nécessaire qu’on ait une vision pour réaliser ce qui est dit ? À qui profite-t-elle ? La Bible nous dit au-delà de ces spéculations rationnelles qui peuvent être loin de vérifier l’authenticité d’une vision, de nous soumettre à l’Esprit Saint qui nous aidera à discerner les esprits (1 Jn 4.1).
Dans les différents exemples que nous avons examinés ci-haut, les visions conduisent toujours à une action à mener. Cette action n’est pas pour celui qui l’a reçue (dans la majorité des cas il n’est que pour les autres) mais, pour le service des autres. Ainsi, quand nous recevons une vision ou lorsque nous avons une vision que nous jugeons bénéfique, nous ne devrons pas tarder à la mettre en oeuvre. Pour cela nous devrons user de l’Esprit de sagesse pour le partager. En effet, c’est une chose normale (pour le commun des mortels) de ne pas être réceptif aux visions. Car une vision est toujours un regard anticipateur, proactif, futuriste.
III. COMMENT LA PÉRENNISER ?
Pérenniser une vision revient à la perpétuer donc à la transmettre à d’autres personnes pour que ce que nous envisageons faire ou ce que nous faisons demeure. Nous voulons ici faire recours à notre model par excellence : Jésus le Christ, Fils de Dieu. Il aurait pu annoncer l’Évangile et accomplir sa mission terrestre seul. Mais comme il a appris à agir dans la collaboration et collégialité dans l’union mystique de la Trinité2, il s’est fait accompagner et assister des disciples. Dans les Évangiles, nous observons avec une grande acuité la nouveauté de sa vision par rapport à celle des chefs religieux et des pouvoirs politiques en place. Pour mettre cela en oeuvre et surtout, pour la pérenniser, il prenait ses disciples à l’écart pour leur explication la profondeur de ses actions et enseignements3. L’envoie des douze puis des soixante et dix en mission participe à la transmission de cette vision. Nous pouvons dire que Jésus voulait tester les compétences de ses disciples et leur capacité à pérenniser sa vision. Nous avons vu qu’il a su corriger leur tare. Les disciples s’extasiaient d’avoir soumis les esprits au nom de Jésus, ce qui est moins ce qui est (Satan est précipité de son trône). Or, la mission du Christ a pour but le salut des âmes. Ainsi, les miracles, les guérisons et les actes de puissances ne visent pas une démonstration de force ou une autosatisfaction, mais contribuent à l’élargissement du Royaume de Dieu, à faire inscrire dans le Royaume des cieux les noms de ceux qui acceptent la vision qu’ils présentent. Dans la suite de notre Maître nous devrons préparer la relève et s’assurer qu’elle peut poursuivre valablement notre vision.
2 Les théologiens appellent cette complémentarité dans la Trinité la périschorèse.
3 Cf. parabole du semeur en Mt 13.1-30.
Conclusion
Parvenu au terme de cet exposé, il convient de noter qu’il est très difficile de distinguer les visions des autres formes de révélations ou d’intuition. Toutefois, nous avons considéré, ici, que la vision est un message que Dieu fait connaître à notre esprit : soit par l’intermédiaire des objets visibles, soit par l’imagination, soit par notre intelligence. La foi, la prière et l’attention au Saint-Esprit préparent à la vision. Les visions et les songes divins sont toujours d'actualité, selon la prophétie de Joël, rappelée par l'apôtre Pierre : Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair; Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos jeunes gens auront des visions, Et vos vieillards auront des songes. Actes 2:17. Nous devons y aspirer, prier dans ce sens et nous y attendre, comme pour toutes les manifestations surnaturelles divines. Aussi, nous devrons savoir que la vision que nous recevons de Dieu est toujours pour sa gloire et au service des autres. Pour cela, nous devrons la partager et la transmettre à d’autres pour qu’elle soit pérenne.

Par GUIDEME Gabriel