A QUI ET EN QUOI DEVRONS-NOUS NOUS CONFIER?

Prédication du dimanche 15 novembre 2015 Textes : Marc 13 :24-32

Bafoussam-Plateau

Prédication du dimanche 15 novembre 2015

Textes : Marc 13 :24-32

Bien-aimés en Jésus-Christ, l’heure est grave, les nouvelles sont tristes, catastrophiques à la limite, bouleversante. La France est touchée en plein cœur de sa capitale (nous exprimons notre compassion à tout le peuple français meurtri et tous les autres victimes d’atrocité dans le monde), les crimes rituels ont repris avec emphase dans notre cité, Boko haram ne cesse de faire des victimes dans l’Extrême-Nord du pays alors que la famine menace ces mêmes populations, n’en parlons plus des accidents de circulation, des cas d’agression, de cambriolage. La dégradation morale est à son comble. Les musiques interdites et obscènes sont les plus prisées et on se moque même de l’autorité qui prend le risque de décréter cette interdiction. Les chrétiens ne sont pas en restes. L’Église est en feu et flamme. Les pasteurs s’entredéchirent non pour défendre une falsification de la parole de Dieu, mais des intérêts matériels, financiers et des positionnements politiques. Pendant ce temps, les fidèles, au lieu de prier, se réjouissent et excitent le soulèvement. Le Christ est exclu de sa propre maison et des marabouts et charlatans ont pris la maison de Dieu en otage avec la complicité des « supposés » serviteurs de Christ. Alors que le porc n’a pas encore confondu de partenaire sexuel, les hommes érigent en règle le mariage et l’union intime entre les personnes de même sexe. Comme si le travail des avocats et des hommes politiques englués dans des sectes pernicieuses ne suffisait pas, l’Église leur emboite le pas en décidant de célébrer ces mariages ignobles. La fin du monde s’approche-t-elle ? Au nom de la défense du droit de l’homme, des libertés et de la démocratie, des Syriens meurent, les riches libyens sont appauvris, les Irakiens n’ont pas d’État. Au lieu que la richesse soit une source de bonheur et d’épanouissement, la RDC, le Cameroun, la RCA, le Mali souffrent à cause de la richesse de leur sous-sol. Où irons-nous pour trouver la paix et la stabilité ? Que ferons-nous ?

         Bien-aimés en Jésus, le texte de ce jour nous relate un récit du genre apocalyptique. On dirait s’être trompé de livre. Et c’est Jésus lui-même qui annonce ces événements lugubres, catastrophiques. Ce texte ne raconte-t-il que des événements catastrophiques ? Non ! Une lecture attentive nous permet de constater que Jésus ne veut pas seulement porter notre attention sur les catastrophes, mais sur un avenir radieux et heureux. Il convient pour nous de comprendre ce texte dans son contexte.

         Chers frères et sœurs en Christ, le chapitre 13 de l'évangile de Marc est appelé par les exégètes "l'Apocalypse de Marc", ou "le discours eschatologique de Jésus". Deux termes qui dans le langage courant signifient à peu près la même chose. L'Apocalypse est un terme d'origine grecque qui veut dire "révélation" et en écho à l'Apocalypse de Jean, la révélation ou le dévoilement des secrets sur la fin des temps. Et en grec, la fin des temps c'est eschaton qui a donné le terme "eschatologie", le discours sur la fin des temps. Tout au long de leur histoire, les juifs ont écrit les textes de ce genre. À chaque fois qu’il leur arrivait une grosse catastrophe, ils se demandaient si c’était la fin du monde, et ils rédigeaient des apocalypses. Et cela arrivait souvent : quand le royaume d’Israël était divisé en deux après Salomon ; quand les deux royaumes furent envahis par les Assyriens et les Babyloniens, quand ils furent déportés par Babylone, etc., et ça c’est avant Jésus. Ce texte est écrit après Jésus dans un contexte où les Romains promettaient aux juifs de transformer le temple de l’Éternel en temple de Zeus, et puis en l’an 60, il eut une guerre entre les juifs et les Romains qui débouchèrent en 70 par la destruction du temple de Jérusalem. Les juifs se demandaient si ce n’était pas la fin du monde. Si Jésus n’était pas un messie venu annoncer la fin du monde. Quand reviendra-t-il donc ?

         Ces événements sont étrangement d’actualité et cela l’a toujours été ainsi. Toute catastrophe, toute détresse, est considérée comme annonçant la fin du monde. Les deux guerres mondiales, la Shoah ou massacre de six millions des juifs, le génocide rwandais, la crise libyenne, syrienne, irakienne, les tremblements de terre, les tempêtes et cyclones ont été considérés comme annonçant la fin du monde. On a raison à chaque fois de se demander si la fin du monde n’est pas pour bientôt. L’auteur de l’évangile de Marc veut nous révéler ce jour toute une autre dimension de la fin des temps. Il veut nous amener non à fixer nos regards sur les catastrophes, mais à vivre et vivre avec Dieu pour l’éternité. Qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui ? Trois enseignements importants ressortent de ce texte dont je vous prie de porter une attention toute particulière à cela.

         Le premier enseignement que nous pouvons noter est que pour Jésus, l’apocalypse ce n’est pas la fin du monde et les catastrophes contrairement à l’opinion courante, mais l’inauguration d’un monde nouveau et positif : un monde de justice, un monde où ceux qui pleurent seront consolés, où la mort ne sera plus, où les derniers seront les premiers, etc. Mais surtout un moment du jugement. Le monde où Dieu demandera des comptes à chacun et chacune de ce qu’il a fait de ses frères et sœurs, ce qu'il a fait du message d'amour qui lui a été confié, ce qu'il a fait de la nature dont il avait la gérance. Qu’as-tu fait de ce que tu as reçu pendant le programme de jeûne et de prière ? L’as-tu gardé pour toi ou bien l’as-tu mis au service du prochain. L’occasion t’est donnée avec la campagne d’éveil et d’évangélisation d’accomplir cette mission. Alors que les catastrophes se multiplient, il faut regarder au compte que nous devrons rendre au Seigneur. Votre manière d’être glorifie-t-elle Dieu ? N’êtes-vous pas un contre témoignage pour votre entourage ? Mensonge, tricherie, recul des bornes, immoralité, désobéissance aux parents, corruption, détournement ne vous condamneront-ils pas devant le Seigneur ? N’as-tu pas participé par ta vie et tes œuvres à la détresse d’un frère ou d’une sœur ? N’as-tu pas laissé dans la rue des familles parce que tu as augmenté le prix des loyers ? Ton comportement n’a-t-il pas conduit ton époux ou ta femme au vagabondage ? Les enfants ne sont-ils pas devenus délinquants à cause de ton irresponsabilité ? Ta gestion des biens publics n’a-t-elle pas favorisé la délinquance et le banditisme ? N’es-tu pas responsable des accidents sur nos routes ? Vos luttes à l’Église n’ont-elles pas envoyé des fidèles aux mains des sectes ? La fin du monde, c’est vivre en tenant compte que nous avons des comptes à rendre à Dieu.

         Le deuxième enseignement que Jésus veut nous présenter est le lieu où se situe la vérité et sur quoi l’homme doit-il fonder son espérance et sa confiance. Le monde actuel comme celui d’autrefois a fabriqué et conçu plusieurs choses qui sont considérées comme possédant la vérité et dignes de confiance. La science et ses théories, la technologie et ses prouesses, les richesses naturelles, l’argent, le pouvoir politique, les systèmes économiques et politiques. Les disciples ont fait du temple, lieu de prière et d’adoration, l’objet de leur espérance et de leur confiance. La beauté de l’architecture, la solidité de la construction ont fait penser aux disciples que le temple est indestructible, éternel ; il est la vérité. De même, l’on a pensé que les États-Unis étaient une superpuissance intouchable, l’incarnation de la puissance et de la sécurité. Mais les attentats du 11 septembre 2001 sur les tours jumelles considérées comme étant l’un des lieux le plus sécurisés au monde et qui à cette époque étaient les plus hautes tours au monde, objet de la fierté du peuple américain, ont démontré la fragilité, l’impuissance de toute sécurité humaine et la temporalité de tout ce qui est humain et terrestre. Beaucoup voient dans leurs avoirs, leur compte bancaire, les relations qu’ils ont, le pouvoir qu’ils détiennent, les enfants qu’ils ont eus, les amis, l’étendue de leur champ, la grandeur de leur boutique, la puissance de leur gris gris, la renommée des marabouts qui les suivent, leur intelligence, leurs connaissances, le nombre de garde-corps qui veille sur eux, etc., comme une source de sécurité, de stabilité, d’assurance, bref, comme la vérité. Malheureusement, l’histoire nous enseigne la faiblesse de l’objet de toute sécurité humaine. Et Jésus dit à ses disciples, il n’y a pas que les bâtiments, les hommes, l’argent, le pouvoir, la sagesse humaine qui vont passer. Même le soleil avec sa chaleur et son immensité, les étoiles et la lune dans les cieux vont s’ébranler. La vérité ne se trouve pas là. Ces choses ne doivent pas être l’objet de notre espérance et de notre confiance. Seule la parole de Dieu est vérité, éternelle et digne de requérir notre confiance. La vérité se trouve dans le vivant et la parole de Dieu est vivante, vivifiante, créatrice et vie. Les bâtiments, l’argent, les richesses du sol et du sous-sol, les systèmes économiques et politiques, le pouvoir, le rang social ne sont pas vivant et vie et dont passeront. Scruter les astres, des pierres, des crânes, compter sur un système politique, économique, un homme, ne donne pas la vie et ne garantit pas la vie éternelle. Jésus veut que nous donnions de l’importance au vivant, vivre  la parole de Dieu. Comme le figuier qui se renouvelle chaque saison, la parole de Dieu s’adapte et répond à chaque situation, circonstance et contexte de notre vie et du monde. En elle, nous avons la vie, le secret de la vie et nous pouvons vivre éternellement. Elle seule est la vérité. Les théories scientifiques sont sans cesse remises en cause et reformulées ; les technologies sont sans cesse dépassées par des nouvelles, les bâtiments s’usent se démodent et sont détruits, les systèmes politiques et économiques révèlent leur impuissance face à la réalité ; les hommes mêmes les plus honorés meurent ; les églises sont fermées et s’éteignent. Mais la parole de Dieu résiste et continuera à résister à toutes les attaques, elle distille la vie à ceux qui la vivent et assurent à tous ceux se confient en elle la vie éternelle.

         Le troisième enseignement que Jésus veut nous transmettre ce jour est qu’il ne faut pas chercher les signes de la fin des temps, ni faire des calculs sur la date de son avènement, mais il faut veiller, être vigilant. Veiller, c’est poursuivre l’œuvre que Jésus nous a confiée, ne pas se laisser distraire par les événements et servir dans la fidélité le maître qui vient bientôt. Bientôt, ce n’est ni demain, ni l’heure qui vient, mais à chaque instant. Cela veut dire, chaque instant de notre vie doit, être mis au service du Seigneur. Il s’agit de vivre et promouvoir l’amour fondé dans l’amour du Christ partout où nous nous trouvons. Organiser et gérer les groupes dans l’Église à l’aune des associations mondaines, c’est dormir. Vous n’assistez pas les familles endeuillées, les malades parce qu’ils sont en règle financièrement dans le groupe, mais parce que c’est votre devoir en tant que chrétien d’être présent aux côtés des personnes en détresse. Veiller, c’est aussi participer physiquement, matériellement, intellectuellement à l’édification du règne de Dieu. Être vigilant consiste à ne pas se laisser influencer par les troubles qui sévissent dans le monde ou dans l’église, ne pas ériger les déviances en modèles, faire attention aux prophètes et prédicateurs qui prennent la place du Christ. Être vigilant et veiller, c’est semer la vie et l’amour en tout lieu et en toute circonstance. Si Jésus a comparé sa venue au renouvellement du figuier, c’est  parce qu’il y en avait un en face de lui. Être vigilant et veiller, c’est aussi préserver la nature, l’environnement. C’est planter les arbres pour lutter contre la déforestation et le réchauffement climatique. Nous sommes interpelés chrétiens du Plateau qui voyons avec indifférence les arbres et fleurs que nos parents ont plantés disparaitre.

         Que devrons-nous retenir ce jour bien-aimé dans le Seigneur ? Jésus veut nous amener à ne pas nous confier en : ce que nous voyons, contemplons ou ce que nous avons. Ces choses sont éphémères et incapables de nous donner la vie. Il nous invite à scruter la parole, à la vivre et à la partager. C’est en elle que se trouvent la vie véritable, la vérité, la sécurité et par elle seule nous reconnaissons la présence de Dieu à nos côtés au milieu des catastrophes. Pour ce faire, nous pouvons confesser comme le psalmiste que « Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier ». Amen !

Par GUIDEME Gabriel

 

 

        


 

                                            

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